Wednesday, July 16, 2008

L’industrie lourde de notre nation


A chacun son industrie et sa puissance économique. Au Maroc, nous avons misé sur un ensemble de secteurs économiques, et nous avons inventé une industrie pas encore en vogue dans le monde. Nous avons par conséquent gagné l’avantage du “first to market” : il s’agit de ce que j’ai appelé “L’industrie des notes”.

Il peut paraître que ce concept ne mérite pas une attention particulière. Mais attendez de voir, c’est un vrai phénomène et une véritable industrie.

Tout commence sur les bancs des écoles primaires où l’élève n’a pas acquis un très bon niveau en lecture et calcul généralement à cause d’une pédagogie faible ou inexistante. Le directeur d’école, alors, au lieu de s’attaquer aux racines du problème et mettre en place un processus de suivi et d’assistance pour les élèves, préfère gonfler les notes de ses pupilles pour que son école soit “la plus performante” aux yeux des parents. Pauvres parents !

Au collège, s’il s’agit de la même école privée, - car la nouvelle mode aujourd’hui est de construire un groupe scolaire qui va de la maternelle au lycée, et pour certains jusqu’aux études supérieures !- et donc s’il s’agit du même directeur, le résultat sera le même.
Maintenant, dans plusieurs des lycées, même publiques, plusieurs professeurs, pris d’une compassion bizarre envers leurs élèves, choisissent de leur donner des examens trop faciles pour leur niveau afin de les “aider” dans leurs études. D’autres, encore plus gracieux, décident que l’examen du baccalauréat est l’occasion de montrer leur solidarité avec les “pauvres élèves”. Le résultat en est des moyennes générales exorbitantes, comme ce lycée privé de rabat où un élève a eu plus de 19 de moyenne générale de classe, faisant que sa moyenne totale du baccalauréat a été très élevée.

De cette obsession des notes est née une autre industrie, celle des heures supplémentaires dont le supplément n’a fait qu’augmenter le stress et la fatigue des élèves, sans un réel souci de leurs véritables vocations...

Et la question devient : Quel niveau ont ces élèves qui sortent du bac avec des notes excessivement bonnes ? La redoutable réponse vous sera donnée par les professeurs du cycle supérieur…

Mais la question qui me préoccupe encore plus est l’injustice à laquelle les élèves sont soumis, entre ceux qui ont mérité ou pas leurs notes puisque la triche dans les examens n’est pas générale à tous les lycées. La conséquence est que les vrais bons éléments sont refoulés vers des formations qu’ils ne souhaitent pas intégrer, laissant libre cours aux moins bons aux notes flamboyantes de choisir parmi une panoplie d’options décisives pour leurs carrières.

Et entre çà et là, la justice, le sens de l’éthique et les valeurs morales sont enterrées…
C’est ainsi que ma petite sœur, issue d’un lycée renommé pour la qualité de ses élèves a fini avec un choix ridiculement limité alors qu’elle a obtenu un 15,65 –bien mérité- en moyenne générale du bac en série sciences maths… sa déception est grande, la mienne aussi, à qui dois-je en vouloir ?!!

Friday, July 11, 2008

Time Out

Pourquoi est-ce qu’à chaque fois qu’on parle développement de notre pays, une couche de pessimisme envahit l’atmosphère et des soupirs chargés laissent entendre : « mab9a mayddar fhad lblad » ou « khelliha 3la Allah »… comme si Allah devait changer la situation d’une oumma avant que celle-ci ne soit décidée à prendre en main son propre processus de changement.

Je suis rentrée au bled pour quelque temps, tout enthousiaste de préparer à la mise en place de mon projet dans le domaine de l’éducation. Je parle à des amis, à la famille, les sourires sont polis, mais les opinions divergent… Je reçois des claques de déception ici et là : « Tu crois que tu es capable de monter un tel projet ici au Maroc, et avec toute la lenteur des procédures et les escrocs qui ne cherchent qu’à te piéger? », ou encore « l’entreprenariat au Maroc est un mirage, à moins que tu aies un piston s7i7… ».

J’écoute, écoute, écoute. Je suis dégoûtée. Suis-je donc excessivement optimiste pour le sort de mon pays, pour les jeunes de mon pays ? Je ne sais pas, je ne sais plus.

Mais je refuse de succomber aux idées d’autrui tant que je suis capable de construire les miennes. Je continuerai non de rêver, mais de réfléchir activement à ce qui peut améliorer les choses dans ce domaine « non lucratif – comme plusieurs ont dit » de l’éducation.

Je continuerai d’écrire, de lire et de chercher. Et un jour, à la lumière d’une idée, une initiative sera prise, une décision sera appliquée, et la vie de plusieurs en sera changée… vers le mieux.

Wednesday, July 2, 2008

Construire la culture - Episode 2

La lecture est peut-être l’élément le plus important qui contribue à l’épanouissement culturel de la personne. Si Internet et les médias permettent aujourd’hui l’accès à des quantités énormes d’informations, les experts ont affirmé que le livre reste le seul moyen d’acquérir ces informations de manière structurée. Alors pourquoi ne lit-on pas assez ? Faute de moyens, de volonté politique, de conscience personnelle ? Et quelles attitudes pourrions-nous adopter pour alléger de la lourdeur de ce mal ?

Au lieu de me pencher sur les causes, bien qu’importantes, je renverserai le prisme et chercherai des solutions qui me semblent réalisables.

Trois acteurs principaux pourraient changer les choses à mon avis : Les parents, l’école, le gouvernement.

Les parents : Détenant le plus important des rôles dans l’éducation, les parents peuvent profondément influencer l’attachement de leur enfant au livre :

- Faire en sorte que la lecture soit partie intégrale de la vie de l’enfant dès son plus jeune âge est une responsabilité de taille des parents. Lui acheter des livres et lui lire des histoires tous les soirs devraient être un exercice habituel, parfois coûteux en temps et en argent certes, mais garant d’une solide éducation culturelle.

- Les enfants sont des imitateurs naturels de leurs parents. Si vous êtes le père ou la mère qui lit constamment les bouquins et magazines devant leur enfant, celui-ci développera un penchant naturel vers la lecture.

- Disposer d’une bibliothèque, même petite, à la maison permet de créer un environnement indispensable à l’épanouissement culturel de chaque membre de la famille. La bibliothèque devrait contenir un espace dédié aux histoires de l’enfant que celui-ci pourra fièrement garnir à chaque fois que vous lui faites cadeau d’un livre.

L’école : Un autre moyen d’infiltrer la lecture dans les esprits est d’incorporer la littérature dans le cursus scolaire dès l’école primaire. Les établissements scolaires pourraient, par exemple, mettre en place une politique à travers laquelle l’élève serait requis de lire un livre de son choix tous les deux mois. Ce choix devrait être approuvé par le professeur et répondre à un certain nombre de critères. A la fin du trimestre, l’élève ferait un mini exposé sur les livres lus devant ses camarades de classes.

Le gouvernement : Bien que ses responsabilités dans l’éducation s’étalent sur des domaines plus vastes, je parlerai ici d’un point spécifique : les bibliothèques municipales. Je n’ai pas encore vu, dans les villes que j’ai visitées au Maroc, des bibliothèques publiques particulièrement attrayantes. Les collectivités locales ont le rôle et l’obligation d’encourager le développement culturel des habitants en leur offrant des espaces de lecture plaisants et confortables. N’oublions pas que les images et les couleurs sont ce qui attire l’attention de l’enfant en premier. Alors comment veut-on lui faire aimer l’expérience de lire si l’espace qui l’entoure manque de formes et de couleurs ? L’idée peut paraître très basique, mais l’impact est colossal. J’ai pris ces photos dans une bibliothèque ouverte au public à l’étranger. Dans le coin des enfants, il y a un jeu de train (Thomas), des histoires, des jouets et des livres. Cette bibliothèque est une destination préférée des enfants, pourquoi pas, et elle contient tout ce qui constitue un havre dans le monde des petits…