Sunday, December 26, 2010

Le Changement et l’Allégorie de la Grenouille


Un important aspect de l’adaptation humaine aux différentes situations de la vie est illustré par l’allégorie de la grenouille. Il parait, en fait, que si l’on plongeait une grenouille dans de l’eau chaude, elle taperait des pattes et s’arrangerait pour s’en échapper. Si, par contre, on la mettait dans de l’eau froide qu’on chaufferait tout doucement, l’animal finirait engourdi jusqu'à ebullition.


Que nous enseigne cette observation ?

Bien des situations dans la vie nous semblent graves et interpellantes à premier abord. Que de personnes sursauteraient à l’idée de s’imaginer dans le futur dans une situation « invraisemblable » (comme par exemple : faisant partie d’un réseau de trafic de drogue, subissant des agressions et harcèlements sans pouvoir le dénoncer, ou encore restant inerte devant l’injustice, le crime, et le vice qui a lieu juste en face de sa maison).

Mais le fait est que ces situations existent. Pourquoi donc existent-elles ? Et comment se fait-il que ces mêmes personnes qui ont sursauté un jour à l’idée de ces situations, puissent s’y trouver au beau milieu ?

L’allégorie de la grenouille y est pour quelque chose…je m’explique.

J’ai vu sur Internet l’autre jour que l’une des dix stratégies de manipulation des masses était ce qu’on appelle ˝la stratégie de dégradation˝. L’idée étant que « pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en ˝dégradé ˝, sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. »[1]

Il s’avère donc que lorsque le changement négatif – des habitudes, des principes, des actions…– prend place de manière graduelle, nos esprits ne se rendent pas compte de sa gravité, et finissent tout simplement par le tolérer, un degré à la fois, jusqu’au jour où le décalage entre le point de départ et le point d’arrivée est tellement vaste que l’attitude de ˝sursaut˝ prend place. Il s’avère, en fait, que le meilleur moyen d’anesthésier nos esprits et de les adapter au moule du conformisme social serait de banaliser le mal – intellectuel, moral, économique, …peu importe- petit à petit, et tout doucement, jusqu’au jour où il devient quasi impossible de faire marche arrière.

Réveillons-nous, mettons des jalons à nos vies, de manière systématique et régulière. Regardons-nous, de temps à autre, dans le miroir, et interrogeons : Où suis-je par rapport à mes objectifs de vie ? Que fais-je pour les réaliser, ou les anéantir ? Quels éléments socioculturels rentrent en jeu ?...

Plusieurs changements positifs se produisent dans le monde d’aujourd’hui. Au Maroc, la vitesse du changement est très inférieure – sinon inverse – au standard des pays en pleine montée économique, et pourtant, il semblerait que cela ne nous dérange pas autant !?... Serait-ce encore une fois un effet de grenouille ?...

Monday, December 13, 2010

MFAA : 7ème Conférence Annuelle

Hier, 11 Décembre 2010, le débat battait son plein dans la salle de conférences de la Fondation Mohamed VI à Rabat. Enseignants, chercheurs, et professionnels martelant M. Debbarh (SG du Dépt. de l’Enseignement Sup.) de questions sur la gouvernance – ou la « non gouvernance »- du système d’enseignement supérieur au Maroc, un ironique M. Berrada (Président de LINKS) mettant scrupuleusement le doigt là où il fait mal dans le système d’enseignement de notre pays, et un brillant panel d’enseignants, dirigeants et chefs d’entreprises, animant remarquablement une table ronde sur l’assurance qualité dans l’enseignement supérieur. L’événement était de taille : la 7ème conférence annuelle de la MFAA (The Moroccan Fulbright Alumni Association) sous le thème « Enseignement Supérieur au Maroc dans un Monde Globalisé: Transition vers un Système plus Efficient et plus Compétitif ?».

Les invités d’honneur n’ont pas failli non plus à l’ampleur de l’événement par leurs présentations de qualité. Le matin, Mme Barbara Brittingham (Directrice de la prestigieuse Commission on Institutions of Higher Education (CIHE) of the New England Association of Schools and Colleges (NEASC)) nous conduit à travers ce qui fait la force du système de gouvernance des universités les plus cotées des Etats-Unis. L’après-midi, l’expert international d’origine Turque, Pr. Ustun Erguder (Directeur de Education Reform Initiative), nous fait découvrir comment la Turquie continue d’améliorer son enseignement supérieur dans une démarche qualité rigoureuse et adaptée au contexte du pays. Enfin, Dr. Driss Ouaouicha (Président de l’Universite Al Akhawayn) impressionne l’assistance par les mérites d’une université modèle au Maroc, qui a excellé en la matière d’assurance qualité par ses programmes, son adaptabilité, et son ambition.

Principaux points retenus :

L’expérience Américaine :

Aux Etats-Unis, les universités jouissent d’une autonomie relativement supérieure à celle des universités marocaines. Un organisme tiers gère les relations entre les universités et le gouvernement. Cet organisme est appelé « Buffer Body ». En gros, le schéma suivant résumé les rôles et responsabilités des trois acteurs principaux dans la gouvernance du système d’enseignement supérieur Américain :


L’expérience Turque :

L’enseignement supérieur en Turquie jouit d’une autonomie inferieure à son homologue américain. Cependant, le système, tel qu’il est construit, permet une évolutivité et adaptation aux pressions de la globalisation. 128 Universités publiques et 44 universités « privées » (nommées « foundation universities » car elles sont à but non lucratifs) font l’arsenal académique supérieur Turque. Si cet arsenal est rigidement supervisé par le Conseil de l’Education Supérieure (Council of Higher Education), il n’en est pas moins que chaque type d’instituts académiques y trouve son compte et croissance. Les universités Turques se sont timidement mais laborieusement engagées dans le processus d’assurance qualité. Ainsi, les universités les plus cotées jouissent déjà de labels de qualité de renommée internationale, pendant que l’ensemble des « Foundation Universities » (ou universités privées) ont l’obligation d’accréditer leurs programmes de manière régulière.


L’Université Al Akhawayn :

Dans une brillante présentation, Pr. Ouaouicha a fait le tour de la démarche qualité adoptée à l’université Al Akhawayn d’Ifrane. S’accoudant à une stratégie qualité bien tracée, l’université s’engage dans la course vers les accréditations internationales pour s’aligner au rang des universités Nord-Américaines de renom.


Et dans tout cela, on ne peut s’abstenir de dire un mot sur l’université publique Marocaine. Il faut dire qu’en terme de gouvernance, le ministère n’a pas encore osé franchir le grand pas de l’autonomie des instituts publiques, il s’y fait, peu à peu, mais très lentement. Quant à la démarche qualité à l’international, eh bien on en est encore à des années lumières. Mais nous restons optimistes. Si la Turquie y est bel et bien, alors le Maroc le peut aussi, probablement avec de la planification, une vision stratégique intégrée, et beaucoup beaucoup de bonne volonté… Amen.

Thursday, November 4, 2010

« … l’école s’est dangereusement métamorphosée, industrialisée, matérialisée… »

Mon oncle avait rendu visite la dernière fois à mon blog, et il parait qu’il a aimé, alors il m’a demandé s’il pouvait y laisser un commentaire. Toute contente et excitée qu’un membre de ma famille enfin s’intéresse à lire ce que j’écris (je n’exagère pas maman :-), j’ai donné l’ample affirmative !
Mais en lisant le ‘‘ long’’ commentaire de mon oncle, j’ai décidé qu’il ne fallait pas le laisser dormir là. Etant lui-même enseignant, il a mis le doigt sur des aspects intéressants que je voulais partager avec vous. Je reprends ci-après son commentaire :

« Salut fadawich .. ma nièce bien aimée,

En lisant ton histoire, je n’ai pu m’empêcher de revivre la mienne ou plutôt les miennes. Mais au-delà de toutes ces histoires, je suis content de découvrir que dans mon pays l’espoir est plus que jamais permis. Lorsque des jeunes comme toi, ont commencé à creuser là où il ne fallait pas, lorsque des jeunes comme toi utilisent ce moyen d’information universel , mondial et international et presque gratuit pour une cause aussi noble que l’éducation…..mon désespoir «se meurt» et mon espoir renait…

L’école n’est pas seulement cette battisse avec des enseignants, un directeur et une cloche. Je pense que l’objectif éducatif ne sera que partiellement atteint, et ceci dans les meilleurs des cas, si on continue à adopter cette façon de voir les choses. Je m’explique : l’enfant / l’élève/ ou encore l’apprenant ne doit pas être considéré comme une boite qu’il faut remplir d’informations et de connaissances et qui, par-dessus tout, pénalise l’avenir des enfants. Le résultat aboutit forcément à des citoyens à côté de la plaque. Nous vivons et nous vivrons encore des histoires semblables à la tienne, chère fadwa, pendant encore longtemps.

Pour avancer il est impératif de mettre l’accent sur des notions comme la socialisation, l’humanisme, le partage, la citoyenneté, le respect d’autrui…etc .
Le processus d’apprentissage commence en classe mais se poursuit à la maison, dans la rue … le réseau social contribue énormément au maintien de ce processus et à sa progression. C’est tout un ensemble homogène constructif et générateur d’éléments sociaux et sociables pouvant interagir avec les autres éléments de la société dans le respect et la dignité : ultime but de l’espèce HOMOSAPIENS

Je reviendrais sur les chances et les moyens possibles pour réussir une éducation d’un élève.
Il me semble que l’école s’est dangereusement métamorphosée, industrialisée, matérialisée au sens capitaliste du terme……...Depuis deux ou trois décennies, les familles dans mon pays commencent à croire que pour bien éduquer son enfant il faut débourser le maximum. Peu à peu, ces familles sont devenues la proie du privée, du matériel ….Sans le vouloir ces familles se déresponsabilisent et se jettent dans la gueule du monstre opportuniste matérialiste : le privé.
Si nous voulons des citoyens respectueux et respectés, il faut les élever et éduquer loin de toute considération budgétaire et financière. Il faut leur donner suffisamment de bonne valeurs pour espérer en recevoir un minimum lorsqu’ ils seront appelés à exercer une fonction telle mettre de l’ordre devant un commissariat de police.

à suivre.... »

Sunday, October 31, 2010

J’ai pas triché,…j’ai juste demandé au voisin !

En grande majorité, nous avons tous, un jour, durant notre scolarité, aidé ou demandé l’aide d’un camarade pour répondre à une question pendant l’examen. Certains l’appellent « entraide » ou encore « copinage », en langage de loi, ceci est de la triche.

Un questionnaire a été distribué il y a près de 4 mois auprès des jeunes marocains pour sonder leur perception de ce phénomène social dont les dimensions ont probablement surpassé les murs de l’école pour s’étendre à plusieurs aspects de la vie. L’échantillon qui a participé au sondage comprend un peu plus de 500 personnes, recouvrant la communauté des ingénieurs, des écoles de commerce, de la Faculté des Sciences et la Faculté des Lettres de Rabat, ainsi qu’une partie aléatoire sur le net.

Bien que mitigées, les réponses des participants soulèvent des surprises interpellantes. En effet, alors que plus de 70% des répondants ont affirmé être parmi les meilleurs de leurs classes (le top tiers), seulement 12% d’entre eux déclarent n’avoir jamais triché au cours de leur scolarité. Pour le reste, 50% ont triché au moins 10 fois, et près de 30% ont commis cette fraude plus de 20 fois ! Aucune différence significative n’a été perçue relativement au sexe des participants dont 43% de femmes et 57% d’hommes. Cependant, il est intriguant de remarquer que parmi les 70% des participants qui ont admis que ce comportement est qualifié de « triche et qu’il ne doit pas être permis », plus du cinquième (22%) ont triché au moins 20 fois durant leurs études ! En parallèle, 47% des participants de moins de 20 ans – c’est dire les représentants de la génération montante – pensent que le fait de copier pendant l’examen est un « Comportement très normal, [et qu’]on s’entraide entre amis, surtout pendant l’examen » ou que ce comportement ne devrait même pas être qualifié de triche, mais qu’il est plutôt quelque chose qui ressemble à des transactions commerciales (du donnant-donnant). En contraste, une écrasante majorité, perçoit une personne qui refuse de « collaborer » pendant l’examen comme étant une personne honnête et raisonnable.




Ces apparentes contradictions peuvent être expliquées par deux interprétations plausibles : 1- Même si l’on est conscient de la fraude qu’on est entrain de commettre, on la commet quand même probablement parce que le risque d’être puni est très petit ; 2- La triche est devenue un comportement social tellement banalisé qu’elle passe sans difficulté à travers les filtres moraux, et on l’accepte donc tout bonnement sans trop y réfléchir.




Quelle que soit l’option dans laquelle on s’inscrit en tout cas, on ne peut aucunement en être fier. Il est effectivement vrai que la triche n’est pas convenablement punie par notre système d’enseignement. Il est même encore plus vrai que certains professeurs et établissements en entier y prennent part. Mais le plus grave est de permettre à ce comportement de s’infiltrer doucement dans notre quotidien, d’abord dans un test à l’école, ensuite à l’examen national de baccalauréat, puis dans ce papier administratif peu important, et de là vers les déclarations frauduleuses d’impôts, à la comptabilité de l’entreprise…etc. Il est peut être trop hasardeux, voire incorrect, de généraliser, mais une analyse des conséquences sociales et économiques d’un tel phénomène fait vibrer la sonnette d’alarme.

J’aimerais signaler, à la fin, que l’objectif de cette enquête est purement scientifique, et qu’il devrait éventuellement aider à soulever des questionnements sur une problématique pesante sur le système d’enseignement au Maroc, pour permettre ultimement de proposer des solutions inhérentes à la réforme de ce système ; en effet, la réforme ne concerne pas uniquement les murs, les bureaux, et l’infrastructure matérielle en général, mais d’abord, et avant tout, le capital humain.

Tuesday, September 21, 2010

Musique et autres dans nos écoles publiques!


La semaine dernière, j’ai visité un collège public non loin de chez moi. Rien de bien différent par rapport au collège (public également) où j’ai étudié à part quelques peintures murales peu attrayantes et un petit plus : En fait, deux nouvelles matières sont ajoutées au cursus : Le solfège et l’éducation familiale.

Cela m’a fait plaisir de l’apprendre car nos élèves ont grandement besoin un ; de matières qui leur permettent de se divertir tout en enrichissant leur culture artistique, et deux ; d’éducation sociale plus proche de la réalité que nous vivons tous les jours.

Je n’ai pas encore eu l’opportunité de voir de près le programme de ces deux matières, mais dès que j’y perçois quelque chose d’intéressant je publierai un petit billet.

Stay tuned !

Thursday, September 16, 2010

Des écoles au lieu de mosquées !!!

Saida a dix-neuf ans. Comme ses camarades de classe qui ont réussi au bac, elle s’inscrit à l’université d’Oujda pour compter parmi les peu fortunés de son entourage qui auront accès à des études universitaires. En effet, dans sa petite famille, elle a été la seule à avoir pu échapper à la vie de campagne et ses aléas. Ses aînés qui n’ont pas été à l’école s’occupent toujours du bétail, de la cuisine, de la terre…

Saida s’est inscrite dans la filière Physique-Chimie car elle aime les sciences. En discutant avec elle pourtant, elle me fait part de ses craintes. A la cité universitaire d’Oujda, il n’y a pas suffisamment de capacité pour loger tous les étudiants inscrits à la fac. Les responsables ont alors recours au tirage au sort pour sélectionner les étudiants. Bien entendu, ce processus n’est pas forcément le plus efficace, en effet, il serait plus juste de sélectionner les étudiants selon leurs moyens financiers, mais je suppose que cela feraient à l’administration un peu plus de travail, alors ils en font fi ! Et tanpis pour les étudiants issus de milieux très pauvres. Car Saida, si elle n’est pas admise sur tirage au sort, eh bien elle quitte l’université. Elle parlait d’une autre option : changer de branche, par exemple, s’inscrire dans la filière Philosophie qui ne lui demanderait pas d’être présente au cours de manière systématique, comme çà, elle pourra rester en campagne et réviser pendant qu’elle garde les moutons en montagne.

Je n’essaie pas d’être ironique, mais c’est la réalité amère. Il m’est impensable de voir à quel point les vies des gens peuvent balancer sur des coups de chance ridicules. Il ne faut pas que ce soit ainsi lorsqu’il s’agit d’éducation. Saida, comme il y en a plein au Maroc, doit avoir le droit de poursuivre ses études en Physique et construire sa petite vie.

Appel : A ceux qui continuent de construire de plus en plus de mosquées à des distances très rapprochées les unes des autres, PRIERE de penser à sauver ces étudiants. Construisez des cités universitaires à la place, faites des dons…

N’attendons pas qu’un Fqih sorte la fatwa qui dira que « Si quelqu’un construit une école ou un internat pour les élèves, alors Allah lui Construira 10 maisons en paradis ». Le parallélisme est clair : Jadis, la mosquée était le lieu d’apprentissage. Aujourd’hui, çà se passe dans un endroit différent appelé école ou université. Il nous suffit de suivre le bon sens, de faire travailler nos têtes, et tout le reste suivra.

A bon entendeur !

Sunday, August 22, 2010

L’école qui nous fait dignes ou soumis

Histoire

Cette semaine, j’ai enfin pris mon courage entre mes deux mains, et décidé de parcourir le chemin fastidieux de renouvellement de ma carte nationale biométrique. Ce fut une aventure tellement … unique... que je voulais vous la raconter.

5 heures du matin, je saute dans la voiture et cours vers le commissariat affecté à l’arrondissement où j’habite, laissant derrière moi la petite qui dort en priant qu’elle ne se réveillera pas avant mon retour. A mon arrivée, deux silhouettes se découpent dans la nuit encore tombante devant la porte du bâtiment. Salamalecs échangés, et je demande à inscrire mon nom sur la « liste ». Je suis 13 ème dessus, ouf ! On m’explique d’emblée que la liste est « gardée » par la dernière personne qui y inscrit son nom. Ingénieux ! Je serais donc la gardienne et protectrice de la liste avant de la confier au prochain venu. Je rêve ! Y a-t-il sur terre un gouvernement respectable qui fait venir ses citoyens à une heure aussi incroyable pour un papier administratif bidon ?! Je refoule en mon intérieur la rage de toutes ces pensées qui me démangent d’ores et déjà. Au même moment, une autre femme apparaît accompagnée de son père âgé, puis une troisième. On voulait un homme pour assumer la garde… tout compte fait, deux femmes ont accepté de prendre la relève ; la nouvelle arrivée, et une autre qui était là depuis 4h du matin. Elles m’ont gentiment pressée de retourner voir ma fille. Rendez-vous à 7h30 pour assister à « l’appel ».


7h40, je rejoins mes nouvelles « amies » dans une file d’attente qui s’était formée de l’autre côté du boulevard – pour une raison ou une autre, il nous était interdit d’utiliser la salle d’attente du commissariat, drôle comme décision ! Aussitôt, je demande après la liste. On me murmure qu’elle est bien cachée, et que le nombre d’inscrits a atteint 50 personnes, juste le nombre que le commissariat accepte quotidiennement. Pour trois quartiers en entier, 50 était un nombre qui n’équivalait en ridicule que les personnes qui ont pu l’inventer. Mais bon! Me dis-je. Je prends place par terre, et attends avec les autres.

Vers 8h, des nouveaux arrivés apparaissent demandant à s’inscrire sur la liste, et le jeu commence ! Tout le monde se met à nier avoir connaissance de qui avait la liste. Je savais pertinemment que l’une des femmes qui avaient assumé la garde l’avait. Mais nous savions aussi que deux jours plus tôt, un incident s’était produit où la liste avait été déchirée par des citoyens mécontents. Prenant peur que le même scenario se reproduise, nous gardons silence, certaines que de toute façon le commissariat ne prendra pas plus de 50, et essayant d’en convaincre ces nouveaux arrivés.

9h, on nous fit rentrer, enfin, au commissariat. Un agent fait l’appel des personnes inscrites sur la liste d’un ton où l’arrogance prend le dessus sur la politesse…la remise des dossiers démarre, tant bien que mal… Sans surprise, des aberrations prennent place comme cette demoiselle, non inscrite sur la liste, qui se voit servie bien avant nous autres... Ma colère finit par être asphyxiée par le mutisme de la présence, et je demande seulement à quitter l’endroit.

Rétro

Dans tout cela, ce qui m’a rongée n’est pas le fait que je me sois déplacée très tôt dans la matinée pour une course, mais la réalité amère qu’en tant que citoyens, nous avons été tellement aliénés qu’aujourd’hui nous acceptons tout bonnement ce genre de situations.

Nous acceptons de ne pas lever nos voix contre la démission de l’Etat de l’une de ses fonctions principales. Nous acceptons de ne pas condamner la corruption…

En France, on apprend aux enfants que le citoyen se révolte pour ses droits, et en conséquence les français ont la drôle de réputation d’être un peuple toujours prêt à faire des grèves. Aux Etats-Unis, l’élève apprend à challenger l’instituteur par ses idées et ses points de vue sans que cela ne lui coûte des notes en moins…

Dans nos écoles, on nous apprend à avaler tout ce que dit le maître/la maîtresse, de ne rien remettre en question au risque d’être « mal élevé » et donc puni. On finit ainsi par enterrer, doucement et lentement, la seule flamme qui permette encore à l’homme d’évoluer : l’esprit critique… tout cela, pour que nous soyons exactement ce que nous sommes aujourd’hui. Est-ce une pure coïncidence ? Si çà ne l’est pas, alors c’est sacrément bien réfléchi !

Saturday, July 31, 2010

Enseignement Supérieur : Parlons réforme

Le plan Urgence apporte un souffle nouveau à l’enseignement supérieur au Maroc. Stratégies compétitives, innovations dans le mode de gestion des établissements, restructurations dans les curricula… tous, ainsi que d’autres, promettraient de mettre le pays sur un piédestal satisfaisant en matière d’enseignement.

Mais, la recette serait-elle complète ?...


En effet, c’est bien …

…que l’on pense aujourd’hui à gérer les universités publiques comme des entreprises privées avec des stratégies clairement transcrites, des objectifs annuels (mesurables ou pas, reste à savoir…), et des « bosses » aux esprits flexibles vis-à-vis du changement et du renouveau. Pragmatisme serait donc le mot d’ordre dans ce processus d’émulation du système privé. Il paraît même, au fait, que l’on ait inséré des mastères payants au sein d’universités publiques afin que les étudiants se sentent plus responsables envers leurs études, et dans l’objectif de réduire, voire d’éliminer le phénomène « d’Etudiants touristes » dans les facultés.

Un autre atout est l’implication progressive des entreprises dans le cycle académique supérieur dans le but de garantir une transition plus effective et efficace des nouveaux lauréats lors de leur insertion dans le marché du travail.

Applaudissement ! Çà réchauffe le cœur quand même !

(Pour plus de détail, voir le dossier spécial que l’Economiste a dédié à ce sujet, Numéro 3329 du 28 Juillet 2010)


Mais…

…Il semblerait que l’on ait encore des bâtons à éliminer. En effet, la réforme devrait prendre en considération un élément central au système d’enseignement ; il s’agit du corps enseignant. Combien d’enseignants, aujourd’hui dans les facs du Royaume, font leurs cours au complet, ne ratent pas des séances, font le suivi avec les étudiants, et surtout font de la recherche scientifique, et donc des publications régulières ? Ayant une connaissance assez bonne de ce secteur, je répondrais « très très peu ». Sans m’attarder sur les détails des pratiques malhonnêtes de plusieurs enseignants qui préfèrent passer le plus beau de leurs temps dans leurs affaires privées que dans les facultés, je préfère proposer des solutions.

Si l’on a décidé de passer à un mode de gestion « pragmatique », alors soyons pragmatiques jusqu’au bout. Je veux dire par là que les enseignants ne devraient pas choisir de faire ce métier parce qu’il leur permet d’avoir « plus de temps libre ». Un enseignant devrait être rémunéré pour sa performance (Pay for Performance, comme diraient les Américains). La performance d’un professeur est mesurée par le nombre d’heures qu’il/elle enseigne, par le nombre de publications annuelles, par le nombre de séminaires auxquels il/elle aurait participé, mais aussi par l’évaluation effectuée par les étudiants eux mêmes (ce qui est appelé en langage business L’évaluation à 360 degrés).

La performance de l’enseignant serait donc mesurée par l’ensemble de ces critères – non-exhaustifs, et le renouvellement de son contrat d’enseignement au sein de l’université devrait justement en dépendre. Voilà comment çà se passe généralement dans une entreprise si l’on veut réellement émuler le système privé.

J’attire l’attention au fait que ce mode de gestion (pragmatique) fonctionne très bien dans les pays avancés où la science et le développement vont de pair.

J’avoue aussi que cette transition demandera beaucoup de courage à nos décideurs. Mais nous savons tous très bien que sans l’audace de faire face à nos problèmes de manière rationnelle et courageuse, nous serions entrain de nous faire absorber, tout doucement, dans une spirale de déperdition d’argent, d’énergie, et de temps.

Thursday, July 8, 2010

La Darija comme langue d’enseignement : GO / NO GO ?


Un colloque international sur les langues organisé à Casablanca, des articles dans les journaux, et la polémique reprend de plus belle ! Le sujet : Introduction ou pas de la Darija (langue parlée au Maroc) dans le système d’enseignement Marocain.


L’argument des partis « Pour » :

Alors que le petit chinois apprend à lire en chinois, le petit américain en anglais, le petit turque en turc…pour lesquels ces langues sont toutes leurs langues parlées, le petit marocain, dès sa rentrée à l’école primaire, fait face à des entraves linguistiques majeures. En effet, la langue qu’il a toujours entendue parler autour de lui étant la darija, il se retrouve devant un nouveau répertoire linguistique, l’arabe classique, qu’il est sensé maitriser comme langue maternelle. Or, l’arabe classique, pour l’enfant de six ans, n’est autre qu’une langue à peine familière à son oreille. Plus encore, deux ans plus tard, cette même oreille devrait se familiariser avec et apprendre les nouveaux sons et mots de la langue française, deuxième langue officielle au Maroc.

Du coup, devant son incapacité – justifiée faut-il dire – à rapidement construire les liens entre les mots écrits et le dictionnaire linguistique préconçu chez l’enfant dans sa langue parlée (la darija), celui-ci cumule petit à petit des lacunes linguistiques qui pourraient se traduire, avec le temps, par l’abandon du goût pour la lecture et l’apprentissage, et donc par l’échec scolaire.

La solution serait donc, selon les experts interpellés dans ce domaine, d’introduire la darija comme langue écrite dans les établissements scolaires au lieu de l’arabe classique. L’Edito de Tel-Quel #430 en fait un bref résumé : http://www.telquel-online.com/430/edito_430.shtml


Pour les personnes « Contre » :

Il ne s’agit pas du nombre de langues à apprendre à l’enfant dès son jeune âge. En effet, les enfants ont une capacité extraordinaire à apprendre plusieurs langues avant l’âge de six ans. Mais ceci suppose que l’enfant soit initié à l’école à un âge précoce grâce à l’enseignement préscolaire. Au Maroc, les crèches et jardins d’enfants privés ne manquent pas dans les grandes agglomérations. Concernant le secteur public, le Ministère de l’Education Nationale, en collaboration avec la Fondation Mohamed VI, a lancé le projet des jardins d’enfants publics pour qu’à l’horizon 2013, 50% des enfants marocains aient accès à l’enseignement préscolaire.
Avec ces données, l’argument de l’incapacité de l’enfant à apprendre plusieurs langues est affaibli.

Le second point avancé par les participants au débat est le danger de perdre le patrimoine culturel cumulé dans les ouvrages écrits en langue arabe classique. En effet, qu’adviendrait-il des savoirs en sciences humaines principalement écrits en arabe ? Faut-il tout simplement les jeter à la poubelle ? Convaincre nos enfants de leur inutilité ? Ou bien procéderait-on à une traduction de ces ouvrages en français et en darija, et à quel coût ?...


C/C: La question reste difficile, je l’avoue, mais les grands traits de la raison font surface, et l’on arrive tout de même à distinguer entre les décisions hâtives et peu réfléchies, et celles qui requièrent plus de médiation, de questionnement et de calcul. N’est-ce pas ?...

Wednesday, June 16, 2010

Sondage - Etude

Ce sondage rentre dans le cadre d’une étude sociologique sur le Maroc. Je vous prie de prendre deux minutes de votre temps pour le remplir, et le diffuser ensuite à vos contacts.

Merci !!

Saturday, June 5, 2010

Al Massira School - Update

Petit briefing sur la dernière activité à l’école Al Massira. Il y a à peu près dix jours :

Objectif : Apprendre aux élèves un nouveau vocabulaire à travers une activité artistique.

Activité : Création d’un jeu de cartes – le jeu des sept familles – appliqué à des fruits, légumes, et formes.

Durée : 1h30min

Nous avons travaillé en trois groupes de quatre élèves. Après découpage des cartes, chaque groupe a été assigné une famille spécifique : Les fruits, les légumes, ou les formes.

Ainsi, la famille des légumes comprendra « Le Père Aubergine », « La Mère Pomme de Terre », …etc. Sur chaque carte, les élèves ont dessiné un des membres des trois familles. En voilà un petit aperçu en images :









Mon retour sur expérience : Les élèves ont aimé l’activité, je suppose parce qu’elle les a fait sortir de la routine de la classe, et aussi parce qu’ils se sont amusés tout en apprenant de nouvelles choses. Mais cette séance a été particulièrement fatigante, apparemment j’ai encore beaucoup à apprendre en matière de gestion des activités d’enfants :-)

Wednesday, May 26, 2010

Les classes prépas: Une erreur systémique ?

Voilà un nombre de questions que je me pose depuis un bout de temps, et qui, franchement, m’intriguent un peu. Les classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs, perçues aujourd’hui par la société comme la meilleure filière d’études supérieures, sont-elles réellement des filières d’excellence ? Produisent-elles des personnes excellentes ? Sont-elles le seul moyen pour créer des ingénieurs de qualité ? Mieux encore, produisent-elles des ingénieurs de qualité ?

Je me suis adonnée, une fois, à l’exercice, et je suis parvenue aux résultats suivants :


Points forts des classes prépas :

- Préparent les élèves à être mieux entrainés à travailler sous des contraintes psychologiques et temporelles difficiles

- Offrent un savoir théorique diversifié (Physiques, Chimie, Maths)

- Offrent l’opportunité d’étudier des œuvres littéraires et philosophiques

- Donnent un ticket d’accès à un métier –actuellement – prisé, qu’est l’ingénierie.

Points faibles :

- Aucun module n’est déployé pour préparer les élèves aux techniques de communication en entreprise

- Encouragent fortement le sentiment d’égoïsme, et inhibent le sens de partage de par la nature de la formation : En effet, puisque la réussite est basée sur le classement, les élèves ne sont pas encouragés à s’entraider et à partager les connaissances, ce qui se reflète par la suite sur leur comportement en société et en entreprise (La réussite est équivalente à l’individualisme)

- Le savoir théorique si acharnement enseigné en classe est très peu, sinon n’est jamais, lié à la réalité. En d’autres termes, combien d’ingénieurs sont aujourd’hui capables de résoudre un problème professionnel ou de la vie de tous les jours en utilisant un « espace préhilbertien réel » ?!! Le résultat en est que les ingénieurs savent très bien résoudre les équations abstraites (les fameux X et Y…), sans pour autant être capables de les transposer à la réalité. Un autre exemple est le temps excessif alloué à la démonstration de théorèmes au lieu d’apprendre aux élèves comment utiliser ces théorèmes un de ces jours en entreprise !

- Très peu de connaissances acquises en classes prépas sont utilisées dans l’école d’ingénieur, encore moins dans l’entreprise. Exemple : L’utilisation des théorèmes mathématiques typiquement dans une école de télécommunication ou d’informatique ? Certes, les élèves ingénieurs ont besoin d’une formation de base, mais les inonder d’informations techniques très spécifiques relèverait d’une préparation à un doctorat en maths/physiques, plutôt qu’à un métier d’ingénierie où la capacité de synthétiser l’information et d’en extraire l’essence est une compétence très recherchée.

Je suis sûre que vous avez d’autres idées en tête, mais à pondérer les points forts et les points faibles de ce système, je me demande réellement si gain il y a !

Si les élèves ingénieurs sont intelligents, ce n’est pas grâce aux classes prépas. En effet, il y a déjà eu ce qu’on appelle un « selection bias » dans le sens où seulement les bons élèves sont admis en classes prépas. Si ce système offre à ces élèves peu de connaissances immédiatement utilisables dans l’école d’ingénieur ou dans l’entreprise, où est son efficacité ? Si en plus, ce système les prépare mal à pénétrer dans le monde de l’entreprise où collaboration, partage et vie sociale sont fortement sollicités, alors peut-on réellement l’appeler une « filière d’excellence » ?

En d’autres termes, quelle est la valeur ajoutée de tout cet engrenage auquel aujourd’hui s’ajoute une nouvelle industrie appelée les « classes prépas privées » ? Y a-t-il création ou destruction de valeur ?

Je ne suis plus très sûre...mais peut-être auriez-vous un avis différent...

Wednesday, May 12, 2010

Enseignement des Langues Etrangères

Depuis un bout de temps, je me pose une question à laquelle je ne trouve pas encore de réponse, ou plutôt de rationalité : Quelle idée avaient nos responsables en tête le jour où ils ont décidé que le Français, en tant que langue étrangère, ne serait enseigné à l’école publique qu’en CE3, c'est-à-dire, au moins deux ans en décalage avec l’école privée ?

L’objectif était-il de permettre aux élèves d’avoir suffisamment de temps pour maitriser leur langue maternelle (l’Arabe) avant d’apprendre une nouvelle langue ? Etait-ce une déficience d’enseignants ? Ou était-ce simplement une sombre politique pour creuser encore plus le gap entre les différentes classes sociales ?

Il a été aujourd’hui prouvé qu’un enfant peut apprendre au moins quatre langues dès sa première enfance. Les supports éducatifs audiovisuels sont devenus de plus en plus nombreux et accessibles en prix et en variété. Alors pourquoi priver les enfants de familles peu aisées (qui vont forcément à l’école publique) d’un droit vital, surtout que cela est susceptible de leur créer des disparités énormes dans le futur concernant des compétences aussi importantes que la communication ?

D’un autre côté, il n’a pas été trouvé que les élèves issus des écoles primaires publiques étaient meilleurs en langue Arabe que leurs égaux dans les écoles privées. Parfois même le contraire serait noté.

Il est clair que le système d’enseignement public au Maroc souffre de plusieurs déficiences et sur des niveaux multiples. Mais lorsque la différence peut être créée par une simple prise de décision et un peu d’investissement, alors il faut le faire, car le temps passe, les générations aussi, et le développement avec eux.

Friday, April 30, 2010

Al Massira School – Session #4 – Art au rendez-vous!

Ceci a été le premier atelier d’art et culture.

Partie I : Discussion (45 minutes)

Nous avons entamé la séance avec une discussion autour du thème de la semaine de la terre : La protection de l’environnement. J’ai essayé de faire parler les élèves pour la grande partie du temps afin d’avoir une idée sur leur culture environnementale. Ils ont alors parlé de tous ces concepts d’actualité tels que la pollution de l’eau, de l’air et de la terre, des insecticides et leur effet sur la nappe phréatique, des feux, …etc. Niveau très satisfaisant, mais cela ne m’a pas beaucoup étonnée vu l’effort considérable que fournissent les enseignants et l’administration de l’école avec les élèves dans plusieurs domaines éducatifs.

Partie II : Dessin (1 heure)

Pour compléter la discussion autour de l’environnement, l’école m’a généreusement munie de feuilles de dessin et de crayons de couleurs que j’ai distribués aux élèves. Libre cours à leur imagination de tracer tout ce que représente pour eux la protection de l’environnement. Il faut dire que la créativité des enfants est à applaudir. J’ai choisi quelques dessins que je vous présente ici-bas :














Regardez-moi celui-là, mais surtout l'explication que l'élève a donnée a son dessin:


Le dessin: un serpent qui entoure le globe terrestre, et qui dégage une substance noire se propageant du pôle nord vers le reste de la planète.

Explication: La pollution est comme un venin qui s'infiltre dans notre planète. Il faut l'empêcher de se propager.

Impressionnant, non!? J'ai pensé que cela méritait une petite pause ;-)


Partie III : Chanson (30 minutes)

Enfin, et pour tenir une promesse que je leur ai faite la séance précédente, nous avons chanté une chanson. Explication des paroles, et chanson en chœur au menu.

Je pense que le titre vous rappellera votre enfance : Ohé-Ohé Matelot ! Matelot navigue sur les flots… :-)

Tuesday, April 20, 2010

Al Massira School – Session # 3

L’objectif de cette troisième séance a été d’impliquer les élèves dans la réflexion autour du comportement civique. Qui est le bon citoyen ? Quels comportements sont justes dans la société ? Et quels comportements ne le sont pas ?

Apres les présentations habituelles, j’ai annoncé qu’on allait jouer à un jeu. Les élèves se sont alors mis en groupes de trois, et chaque groupe a reçu une carte.

Chacune des cartes contient la description d’une situation / problème. Les élèves sont invités à spécifier si le comportement décrit est positif ou négatif, ensuite, ils sont appelés à citer trois raisons pour lesquelles il l’est. Comme j’ai arrangé les cartes de sorte que tous les cas décrivent des comportements négatifs, les élèves sont donc appelés à citer trois idées pour corriger le comportement en question.













Le travail est effectué en groupes de sorte, encore une fois, à favoriser la communication et le partage au sein d’un groupe restreint.

A la fin de la séance, nous avons prévu 30 minutes pour que chaque groupe se présente « sur scène » pour jouer sa situation sous forme de pièce théâtrale. Nous avons eu droit à une bonne dose de créativité et d’imagination de la part de ces enfants !


Bien entendu, pour des élèves en 6ème année d’une école publique, les difficultés de langue étrangère font constamment surface. Mais, puisque l’objectif était surtout de les pousser à réfléchir à la justesse des comportements et aux façons de les corriger, j’ai cédé à leur demande d’écrire en utilisant leur langue maternelle qui est l’arabe.



Conclusion : Je ne peux prétendre qu’à travers cette séance j’ai changé ces élèves en des citoyens modèles. Mais je crois fort que l’implication des enfants dans le processus de réflexion est le plus important, car cela leur fait sentir une appropriation du problème, et donc une capacité à le résoudre en utilisant leurs propres moyens intellectuels qui sont malheureusement souvent marginalisés dans notre société. Responsabiliser l’enfant dès son jeune âge en le dotant de ressources matérielles, intellectuelles et émotionnelles, est clé dans la construction d’une personnalité solide, équilibrée et productive.

A travers ces ateliers, j’essaie de booster cette confiance en soi chez les enfants, de leur faire découvrir que même en étant des enfants, ils peuvent prendre des décisions dont l’impact est majeur sur notre société et dans le monde où nous vivons.

En espérant que je ne me trompe pas trop, et en espérant que cela puisse les affecter positivement, un de ces jours…

Sunday, April 11, 2010

Al Massira school - Session #2

Pour la deuxième session, j’ai pu être plus organisée par rapport aux objectifs et à la gestion du temps. Le tracé de la session était le suivant :

Thème : Communication dans la gestion de conflit

Objectifs pédagogiques :

1) Introduire les élèves à la notion de la gestion de conflit à travers un exercice pratique

2) Relaxation instructive à travers une chanson en chœur


Activités :

1) Simulation d’un débat télévisé entre les enfants du quartier Al Massira et les autorités locales du même quartier. La commune souhaite fermer un jardin public pour construire, à la place, un parking de voitures. Les enfants, eux, devraient défendre leur jardin et leur droit d’avoir un espace vert dans leur quartier.

2) Chanson en chorale

Détail des activités :

1) Débat télévisé :

Activité

Objectif

Durée

Format

Accueil : Tour de table où les élèves se présentent à tour de rôle (nom, prénom, âge, hobbies, ce qu’il/elle souhaite devenir dans le futur, toute autre information)

- Connaître les élèves

- Les faire parler

- Les mettre à l’aise pour les préparer à l’activité

15 minutes

Tables arrangées en cercle : tout le monde regarde tout le monde pour favoriser le partage

Séparation des élèves en deux groupes de dix (pour le jardin, et contre le jardin) et arrangement de l’espace de travail

- Organisation de l’activité

- Préparation en impliquant les élèves

5 minutes

Tables arrangées en deux grands cercles : Les Pour, et les Contre

Réflexion sur les arguments de débat en groupes de deux

- Faire participer tous les élèves à la réflexion et au développement de la pensée analytique

15 minutes

Au sein des deux grands groupes, les élèves travaillent en duos et notent leurs idées sur des feuilles de papier

Fédération des idées et partage d’arguments au sein de chaque groupe

- Renforcer la culture du travail en groupe chez les élèves.

- Les inciter à discuter et à proposer leurs idées

- Développer l’esprit organisationnel

15 minutes

Les duos partagent leurs idées au sein de leurs groupes respectifs dans un format de discussion. Un rapporteur de groupe note toutes les idées/arguments collectés sur une seule feuille.

Débat

- Apprendre à débattre

- Apprendre à respecter autrui même si les idées sont opposées

- Utiliser les formules adéquates pour proposer ou nier des arguments

- Faire parler les élèves

30 minutes

Pour cette partie, les élèves ont choisi d’être debout. Il parait que cela leur a donné plus de tonus. Les deux grands groupes se sont mis face à face, et présentent à chaque fois un élève différent pour argumenter contre le groupe opposé.

Dans cet exercice, j’ai joué le rôle de modérateur, en donnant respectivement la parole à un groupe puis un autre, et en attirant l’attention à la pertinence des arguments utilisés…

2) Chanson (30 minutes) :

- Paroles recopiées sur le tableau et expliquées aux élèves

- Ceux-ci, tout excités, répètent après moi chaque vers, et ensuite chantent toute la chanson en chœur.

Les fausses notes n’ont pas manqué, mais l’enthousiasme était à son plein ! A voir les yeux de ces petits pétiller de joie et d’excitation, que ne serait-on pas capable de faire !

Paroles de la chanson :

Message

Pour tous nos frères

Plus de misère

Et plus de haine dans les cœurs

*** *** ***

Mais sur la terre

Une lumière

Un chant d’amour qui chasse la peur

*** *** ***

Sous chaque pierre

La source claire

Court dans le soleil et vers le bonheur