Sunday, December 26, 2010

Le Changement et l’Allégorie de la Grenouille


Un important aspect de l’adaptation humaine aux différentes situations de la vie est illustré par l’allégorie de la grenouille. Il parait, en fait, que si l’on plongeait une grenouille dans de l’eau chaude, elle taperait des pattes et s’arrangerait pour s’en échapper. Si, par contre, on la mettait dans de l’eau froide qu’on chaufferait tout doucement, l’animal finirait engourdi jusqu'à ebullition.


Que nous enseigne cette observation ?

Bien des situations dans la vie nous semblent graves et interpellantes à premier abord. Que de personnes sursauteraient à l’idée de s’imaginer dans le futur dans une situation « invraisemblable » (comme par exemple : faisant partie d’un réseau de trafic de drogue, subissant des agressions et harcèlements sans pouvoir le dénoncer, ou encore restant inerte devant l’injustice, le crime, et le vice qui a lieu juste en face de sa maison).

Mais le fait est que ces situations existent. Pourquoi donc existent-elles ? Et comment se fait-il que ces mêmes personnes qui ont sursauté un jour à l’idée de ces situations, puissent s’y trouver au beau milieu ?

L’allégorie de la grenouille y est pour quelque chose…je m’explique.

J’ai vu sur Internet l’autre jour que l’une des dix stratégies de manipulation des masses était ce qu’on appelle ˝la stratégie de dégradation˝. L’idée étant que « pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en ˝dégradé ˝, sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. »[1]

Il s’avère donc que lorsque le changement négatif – des habitudes, des principes, des actions…– prend place de manière graduelle, nos esprits ne se rendent pas compte de sa gravité, et finissent tout simplement par le tolérer, un degré à la fois, jusqu’au jour où le décalage entre le point de départ et le point d’arrivée est tellement vaste que l’attitude de ˝sursaut˝ prend place. Il s’avère, en fait, que le meilleur moyen d’anesthésier nos esprits et de les adapter au moule du conformisme social serait de banaliser le mal – intellectuel, moral, économique, …peu importe- petit à petit, et tout doucement, jusqu’au jour où il devient quasi impossible de faire marche arrière.

Réveillons-nous, mettons des jalons à nos vies, de manière systématique et régulière. Regardons-nous, de temps à autre, dans le miroir, et interrogeons : Où suis-je par rapport à mes objectifs de vie ? Que fais-je pour les réaliser, ou les anéantir ? Quels éléments socioculturels rentrent en jeu ?...

Plusieurs changements positifs se produisent dans le monde d’aujourd’hui. Au Maroc, la vitesse du changement est très inférieure – sinon inverse – au standard des pays en pleine montée économique, et pourtant, il semblerait que cela ne nous dérange pas autant !?... Serait-ce encore une fois un effet de grenouille ?...

Monday, December 13, 2010

MFAA : 7ème Conférence Annuelle

Hier, 11 Décembre 2010, le débat battait son plein dans la salle de conférences de la Fondation Mohamed VI à Rabat. Enseignants, chercheurs, et professionnels martelant M. Debbarh (SG du Dépt. de l’Enseignement Sup.) de questions sur la gouvernance – ou la « non gouvernance »- du système d’enseignement supérieur au Maroc, un ironique M. Berrada (Président de LINKS) mettant scrupuleusement le doigt là où il fait mal dans le système d’enseignement de notre pays, et un brillant panel d’enseignants, dirigeants et chefs d’entreprises, animant remarquablement une table ronde sur l’assurance qualité dans l’enseignement supérieur. L’événement était de taille : la 7ème conférence annuelle de la MFAA (The Moroccan Fulbright Alumni Association) sous le thème « Enseignement Supérieur au Maroc dans un Monde Globalisé: Transition vers un Système plus Efficient et plus Compétitif ?».

Les invités d’honneur n’ont pas failli non plus à l’ampleur de l’événement par leurs présentations de qualité. Le matin, Mme Barbara Brittingham (Directrice de la prestigieuse Commission on Institutions of Higher Education (CIHE) of the New England Association of Schools and Colleges (NEASC)) nous conduit à travers ce qui fait la force du système de gouvernance des universités les plus cotées des Etats-Unis. L’après-midi, l’expert international d’origine Turque, Pr. Ustun Erguder (Directeur de Education Reform Initiative), nous fait découvrir comment la Turquie continue d’améliorer son enseignement supérieur dans une démarche qualité rigoureuse et adaptée au contexte du pays. Enfin, Dr. Driss Ouaouicha (Président de l’Universite Al Akhawayn) impressionne l’assistance par les mérites d’une université modèle au Maroc, qui a excellé en la matière d’assurance qualité par ses programmes, son adaptabilité, et son ambition.

Principaux points retenus :

L’expérience Américaine :

Aux Etats-Unis, les universités jouissent d’une autonomie relativement supérieure à celle des universités marocaines. Un organisme tiers gère les relations entre les universités et le gouvernement. Cet organisme est appelé « Buffer Body ». En gros, le schéma suivant résumé les rôles et responsabilités des trois acteurs principaux dans la gouvernance du système d’enseignement supérieur Américain :


L’expérience Turque :

L’enseignement supérieur en Turquie jouit d’une autonomie inferieure à son homologue américain. Cependant, le système, tel qu’il est construit, permet une évolutivité et adaptation aux pressions de la globalisation. 128 Universités publiques et 44 universités « privées » (nommées « foundation universities » car elles sont à but non lucratifs) font l’arsenal académique supérieur Turque. Si cet arsenal est rigidement supervisé par le Conseil de l’Education Supérieure (Council of Higher Education), il n’en est pas moins que chaque type d’instituts académiques y trouve son compte et croissance. Les universités Turques se sont timidement mais laborieusement engagées dans le processus d’assurance qualité. Ainsi, les universités les plus cotées jouissent déjà de labels de qualité de renommée internationale, pendant que l’ensemble des « Foundation Universities » (ou universités privées) ont l’obligation d’accréditer leurs programmes de manière régulière.


L’Université Al Akhawayn :

Dans une brillante présentation, Pr. Ouaouicha a fait le tour de la démarche qualité adoptée à l’université Al Akhawayn d’Ifrane. S’accoudant à une stratégie qualité bien tracée, l’université s’engage dans la course vers les accréditations internationales pour s’aligner au rang des universités Nord-Américaines de renom.


Et dans tout cela, on ne peut s’abstenir de dire un mot sur l’université publique Marocaine. Il faut dire qu’en terme de gouvernance, le ministère n’a pas encore osé franchir le grand pas de l’autonomie des instituts publiques, il s’y fait, peu à peu, mais très lentement. Quant à la démarche qualité à l’international, eh bien on en est encore à des années lumières. Mais nous restons optimistes. Si la Turquie y est bel et bien, alors le Maroc le peut aussi, probablement avec de la planification, une vision stratégique intégrée, et beaucoup beaucoup de bonne volonté… Amen.