Wednesday, August 5, 2009

Bonnes ou Mauvaises ?



Quand on cherche à définir un investissement à rendement pérenne et à forte valeur ajoutée, on ne peut s’abstenir de penser à la bonne éducation d’un enfant. Mais cet investissement, bien qu’exhibant des résultats prometteurs, ne réussit qu’au détriment de moult d’efforts et de sacrifices étalés sur de longues années. Plus particulièrement, les cinq premières années de la vie de l’enfant représentent une période critique où se définissent les traits principaux de la personnalité de l’être humain.

Je me demande alors, y a t-il un prix à payer pour s’assurer que ces premières années de votre enfant se déroulent sans incident remarquable qui pourrait éventuellement affecter la vie de l’enfant et ses choix futurs ?

Plusieurs, malheureusement, ne passent pas beaucoup de temps à réfléchir à cette question. On se retrouve d’emblée avec la bonne -ou la servante de la maison- qui s’occupe à la fois des tajines, du ménage, et de l’enfant. Dans sa précipitation habituelle – et compréhensible, cette personne n’a ni le temps ni les qualifications pour entourer l’enfant des soins dont il/elle a besoin. Les petits monstres que ces « nounous fabriquées » dessinent dans la mémoire de l’enfant à son jeune âge pour le faire taire se transforment aussitôt en des hantises qui pourraient pourchasser l’individu à la hauteur de ses cinquantaines.

C’est l’histoire d’un ami à moi qui, lorsqu’il était petit, était gardé par une bonne. Celle-ci, pour le faire taire à chaque fois qu’il jouait dans la maison, lui pointait du doigt une lumière rouge visible de la fenêtre des voisins d’en face, en répétant que c’était du sang et qu’elle l’y emmènerait s’il faisait des bêtises -à savoir quelle était sa définition des bêtises. Trente ans plus tard, mon ami a toujours cette phobie inexplicable (ou peut-être maintenant explicable) du sang. Il n’a jamais pu poursuivre des études en médecine pour cette même raison, et redoute effroyablement tout ce qui a trait aux composants du corps humain ou animal…

Trente ans plus tard, mon ami se demande si les menaces de cette bonne sont réellement à la source de sa phobie, et si la présence d’un parent à la maison aurait pu empêcher tout cela de se produire.

Combien de cas similaires existent-ils au Maroc d’enfants victimes d’harcèlement psychologique – et physique parfois – de la part de ces dites « bonnes » ? Je n’ai pas de chiffre exact mais je parierais sur un grand, à très grand nombre.

Maintenant, la question est : Faut-il payer comme prix une partie de sa carrière pour prendre soin de ses enfants et s’assurer que leur éducation se déroule dans les conditions les plus favorables ? Existe-t-il une autre alternative ?

Je ne répondrai pas à cette question à la place des parents, car c’est à eux, et eux seuls, que revient la décision. L’enjeu est de taille, non seulement pour les enfants, mais pour la société d’individus et de leaders qu’ils seront par la suite.