Thursday, December 31, 2009

Publication


Voila! Enfin les dernières retouches finalisées, ou presque, car on trouve toujours quelque chose à dire ou à dire autrement.
En tous cas, je suis ravie de partager avec vous ce livret en attendant vos remarques qui seront sans doute très utiles.

Le livre est téléchargeable gratuitement sur le lien :

http://www.megaupload.com/?d=WXH6SW1I

Bonne lecture !

Tuesday, December 22, 2009

Où sont passées nos valeurs morales ?

Je souhaite aborder un sujet qui me semble d’importance relativement négligée, celui de l’enseignement des valeurs morales.
Combien parmi nous ont appris à l’école primaire les règles de conduite et les ont même récitées par cœur ? Combien ont appris les hadiths multiples du Prophète (PSL) incitant au respect de la société civile, à la propreté, à la tolérance ?…

Qu’en avons-nous fait ?



Aujourd’hui, en parcourant Rabat ou Casablanca, les automobilistes conduisent comme dans un jeu de mort, se bousculant, se massacrant les uns les autres, comme si la route n’était pas un bien public partageable dans un cadre de coexistence et de respect mutuels. Les jardins publics donnent mal au cœur au vu des ordures qui s’y parsèment. La corruption dans les administrations et organismes publiques bat son plein, …

Où se produit donc le décalage, surtout lorsque ces aspects malsains se sont tellement ancrés dans notre quotidien qu’ils en sont devenus banalisés, voire naturels ? Pourquoi le comportement de 90% d’une société ne reflète pas les enseignements moraux initialement inculqués à l’école ?

Je ne chercherai pas une réponse unique ou catégorique, mais il me semble que la pédagogie d’enseignement contribue au problème. Au lieu de faire réciter aux élèves les règles de la bonne conduite, ces règles seraient mieux internalisées si elles étaient infiltrées dans des activités entreprises par les élèves. Un exemple, au lieu que le test des fameuses « 3aqaid wa 3ibadat » soit strictement limité à la récitation de textes religieux, il serait peut être encore plus bénéfique d’exposer les élèves à une problématique éthique et de leur poser des questions dessus.

Je donne un exemple très simple. Le contrôle pourrait avoir la question suivante :

« Vous êtes entrain de passer un examen très important. C’est l’examen final de l’année scolaire et la réussite dans cet examen est très cruciale. Soudain, vous levez la tête et surprenez deux de vos amis entrains de copier. Qu’allez-vous faire ?
1- Faire comme si de rien n’était, ce n’est pas si grave que çà s’ils copient un tout petit peu
2- Attirer l’attention du surveillant au délit qui se produit devant vos yeux
3- Condamner cet acte au fond de votre cœur mais vous abstenir d’y attirer l’attention
4- Autre réaction. Expliquez : ………………………………………………… »

La note du contrôle serait donc fonction de la réponse à de telles questions.
Un autre exemple serait d’animer des discussions-débats en classe autour d’une problématique éthique que l’on rencontre tous les jours, telle que la corruption, le vol du bien publique, …etc.

Ce ne sont là que des idées rapides, mais la logique derrière est de faire un effort éducatif dans le vrai sens du terme, plutôt que de se contenter d’un semblant de processus d’enseignement, comme pour alléger le poids de la conscience… mais le chemin est long devant, très long…

Tuesday, November 10, 2009

KIPP : Redéfinir l’Ecole Publique



Je profite de ces rares moments de calme pour partager des pensées. Je suis aux dernières pages d’un livre fascinant, plein d’inspiration et d’espoir. C’est l’histoire de deux enseignants qui ont compris le dysfonctionnement du système d’éducation Américain, et qui ont fait quelque chose pour y remédier. En fait, ils ont créé « l’une des plus prometteuses écoles d’Amérique » - pour reprendre les mots de Jay Mathews dans son livre « Work Hard, Be Nice » racontant le périple de ces deux aventuriers.

Car une aventure c’en est une. En effet, démarrer un programme éducatif plutôt unique en son genre au sein d’écoles publiques n’a pas été chose facile, surtout lorsque les piliers de ce programme transgressent les lois les plus sacrées imposées par la machine bureaucratique du Département d’Education. Mais dans un pays où l’intelligence humaine est respectée et où l’effort est gratifié, la réussite trouve son chemin, et KIPP (Knowledge Is Power Program), le programme érigé par ces les deux enseignants, naît et fleurit.

KIPP est une reprise de l’école publique typique avec un focus plus accentué sur l’excellence et le dur labeur : Des élèves du CE5 au collège sont recrutés de milieux socialement défavorisés, suivent le programme scolaire de manière intensive (de 7h30 du matin a 5h de l’après-midi), et obéissent à des règles de discipline rigoureuses. Les cours sont enseignés de manière très créative et passionnante, faisant que l’implication active de l’enseignant(e) est fortement sollicitée. Les parents d’élèves ne sont pas exclus du cercle éducatif, ils prennent part, en effet, aux activités parascolaires fréquemment organisées par les enseignants. Enfin, le programme récompense l’effort fourni par les élèves tout au long de l’année scolaire par un voyage vers une destination qui leur est préférée. Le résultat du tout est un scoring largement supérieur aux autres écoles pendant l’examen national, et par conséquent, l’opportunité d’intégrer des lycées prestigieux et des universités prestigieuses avec des bourses de mérite, ce qui est très rare au sein des pauvres communautés noires et hispaniques aux US.

Un paragraphe ne peut décrire, bien entendu, une expérience de douze ans, avec ses succès, ses défaillances, ses émotions et ses réalisations. Mais ce livre a certainement renforcé un sentiment en moi: Le changement du système d’éducation au Maroc a besoin de la brise entrepreneuriale pour atteindre ce que les plans gouvernementaux ne peuvent atteindre. Et ce que j’ai apprécié le plus dans le livre est la manière dont l’auteur dépicte la réalité de l’entreprenariat, avec ses challenges, son incertitude, ses hasards, et ses gratifications.

A toute personne désireuse de participer au changement social à travers des voies non forcément gouvernementales, je recommande fortement ce livre.


PS : Ceci est la première fois où l’écriture d’un article me prend deux semaines :) un demi-paragraphe tous les trois jours :) ...

Thursday, October 22, 2009

Nouvelle

Je ne peux lancer un nouveau post sans introduire la nouvelle personne qui a enchanté ma petite famille depuis quelques jours. Ma fille est venue au monde depuis maintenant deux semaines, et il faut dire que ma vie en est encore assez basculée, donc je demanderai votre compréhension si je n'écris plus aussi fréquemment qu'avant, du moins pour ces premières semaines.

L'expérience éducative ne fait que commencer...on verra bien :)

Tuesday, October 6, 2009

Serait-ce une réforme qui boite ?

« 40 Milliards de DH pour une batterie de mesures ! ».
Tels s’affichent les titres des journaux depuis que le plan d’urgence décrété par le gouvernement a été lancé en début de cette saison scolaire.

Le gros chiffre rond semble la clé aux problèmes alarmants de notre système d’enseignement. Mais une analyse plus approfondie laisse paraître des imperfections aberrantes, voire effrayantes.



En bref, les mesures entreprises par le MEN pour appliquer le plan d’urgence sont les suivantes :

1- Pour combattre l’abandon scolaire : Ouverture de nouvelles salles du préscolaire (3600 entre 2009 et 2012), création de 100 000 places dans le primaire, création d’écoles communautaires à la place des écoles satellites en milieu rural, ouverture de 720 nouveaux collèges et de 6800 nouvelles classes, création de nouveaux internats et de nouvelles cantines.

2- Aide aux parents et élèves : Distribution d’un million de cartables qui profiteront cette année à 3,7 millions d’élèves, accord de bourses scolaires dont le montant total est estimé à 92,8 millions de DH, et qui bénéficieront à près de 50000 familles (90000 élèves environ).

3- Pour élargir le corps professoral : Recrutement de plus de 41000 enseignants et encadrants.

De quelles aberrations s’agit-il donc ?

Sans chercher loin, la première remarque qu’on puisse faire est que l’ensemble des mesures entreprises par le plan Urgence sont d’ordre infrastructurel. Or, ceci ne peut être qu’une partie du processus de développement d’un système d’enseignement. En effet, les autres parties essentielles à ce développement sont la revue des pédagogies et méthodologies d’enseignement, l’adaptation des manuels scolaires à des standards de qualité respectables et en fond et en forme, et la formation continue des staffs et enseignants au métier de l’enseignement.

Sans ces trois autres piliers fondamentaux, la réforme, ou le plan d’urgence ne pourrait atteindre les résultats qu’on en attend tout simplement parce que l’éducation est un processus bien plus complexe que des salles à construire et des cartables à distribuer.

Ceci dit, l’effort fourni par le MEN est louable dans la mesure où la volonté politique y est. Maintenant, d’autres reproches ont été émis par des experts en la matière, notamment M. Allal Belarbi, secrétaire général du syndicat de l’enseignement affilié à la Confédération Démocratique du Travail (CDT), qui s’insurge contre le fait qu’aucun des acteurs directement concernés, à savoir les cadres du secteur, les représentants des inspecteurs, les syndicats, les intellectuels, la CGEM… n’a été impliqué dans la formulation du plan d’urgence. Ce travail effectué par un cabinet de conseil externe risque fort, par conséquent, de louper des données vitales au processus de changement.

Questionné sur les résultats de ce plan, le ministère de tutelle s’est contenté de déclarer qu’«il serait prématuré de juger des résultats de ce plan une année après le début de son application. Il faudra au moins attendre 2012, date que le plan s’est lui-même fixé pour pouvoir dresser un premier bilan.» (La Vie Eco – 18/9/2009).

Mais le ministère semble oublier que « dresser un bilan » est une chose, mesurer le retour sur investissement d’un projet aussi important que 40 Milliards de DH payés des fonds publiques…est une tout autre chose.

Thursday, September 17, 2009

L’Education concerne aussi le Cinéma !

« Ce documentaire totalement inédit passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux de l’histoire du cinéma et que personne n’avait jamais osé contester, depuis l’époque du muet jusqu’aux grandes productions hollywoodiennes d’aujourd’hui.

Présenté par Jack Shaheen, Ph.D., auteur réputé, le film relève la longue succession d’images dégradantes qui ont été utilisées pour représenter les Arabes au cinéma. Des bandits bédouins aux jeunes filles soumises, en passant par les cheiks sinistres et les terroristes armés, ce documentaire jette un éclairage dévastateur sur l’origine de ces portraits stéréotypés et sur leur apparition à des moments clés de l’histoire des États-Unis, démontrant du même coup les lourdes conséquences de cette représentation aujourd’hui.

Jack Shaheen montre comment, au fil des ans, la persistance de ces images a fait en sorte de banaliser les préjugés entretenus à l’égard des Arabes et de la culture arabe, ce qui aurait eu pour effet de *** renforcer une vision étroite des individus d’origine arabe et d’accroître les répercussions des politiques intérieures et internationales des Etats-Unis sur leur vie ***.

En incitant le spectateur à réfléchir sur les conséquences sociales, politiques et simplement humaines de ces caricatures hollywoodiennes, ce film souhaite faire reconnaître l’urgence d’offrir un point de vue opposé qui rendrait justice à la diversité et au caractère humain du peuple arabe, tout en faisant ressortir le vrai visage et la richesse de l’histoire et de la culture arabes. »


Voici donc un appel à nos jeunes cinéastes de prendre le flambeau pour représenter nos peuples tels qu’ils sont et non tels que les autres voudraient les afficher. Le cinéma Marocain a effectué des avancées assez importantes ces dernières années, mais elles demeurent encore assez limitées en contenu et en portée (les sujets adressent souvent des problématiques sociales, et ces productions sont visionnées, au plus, dans les pays nord-africains et francophones).

J’appelle nos mécènes à investir dans des écoles d’art et de productions cinématographiques, d’appuyer nos artistes par les moyens qu’il faut de sorte à voir un jour naître un cinéma Marocain international, visionné et apprécié par le Japonais comme l’Américain comme l’Africain… N’en rigolez pas, lorsqu’on veut, on peut.

Tuesday, September 15, 2009

Et le train passe… encore une fois !

En application de la première tranche du Plan d’Urgence recommandé par le Conseil Supérieur de l’Enseignement (CSE), le Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur a dévoilé un projet de note selon lequel le volume horaire des enseignants sera revu à la hausse dans l’objectif de rehausser le niveau des élèves.

Comme on pourrait le deviner, la réaction des centrales syndicales s’est caractérisée par une forte opposition à cette décision. La Fédération Nationale des Fonctionnaires de l’Enseignement a affirmé qu’allonger le volume horaire – de 3 heures par semaine – ne ferait pas améliorer les choses forcément.

A priori, l’on pourrait critiquer cette attitude en accusant le syndicat et les personnes qu’il représente d’une sorte de « paresse professionnelle ». Mais abstraction faite de tout jugement subjectif, il me semble que, cette fois, le syndicat pourrait avoir raison.

A mon avis, il n’y aurait pas de mal à ajouter plus d’heures de travail. Cette initiative serait même appréciée. Mais cette approche reste, à mon sens une prolongation du mal existant. En effet, elle ne fait qu’augmenter l’exposition des élèves aux mêmes méthodologies et pédagogies d’enseignement actuellement en vigueur, et qui jusqu'à présent, n’ont pas prouvé d’être les plus efficaces. En d’autres termes, cette réforme ressemble plus à des heures supplémentaires qu’à une refonte du système d’éducation gravement souffrant.

L’idée est de penser à de nouvelles stratégies d’enseignement, de réfléchir aux types d’individus et de citoyens que l’on veut avoir dans vingt ans, et d’ajuster nos curriculums et pédagogies à ce besoin… le temps passe vite, et le monde roule à une vitesse déjà très supérieure à la nôtre, allons-nous à jamais rattraper le train ??...

Wednesday, August 5, 2009

Bonnes ou Mauvaises ?



Quand on cherche à définir un investissement à rendement pérenne et à forte valeur ajoutée, on ne peut s’abstenir de penser à la bonne éducation d’un enfant. Mais cet investissement, bien qu’exhibant des résultats prometteurs, ne réussit qu’au détriment de moult d’efforts et de sacrifices étalés sur de longues années. Plus particulièrement, les cinq premières années de la vie de l’enfant représentent une période critique où se définissent les traits principaux de la personnalité de l’être humain.

Je me demande alors, y a t-il un prix à payer pour s’assurer que ces premières années de votre enfant se déroulent sans incident remarquable qui pourrait éventuellement affecter la vie de l’enfant et ses choix futurs ?

Plusieurs, malheureusement, ne passent pas beaucoup de temps à réfléchir à cette question. On se retrouve d’emblée avec la bonne -ou la servante de la maison- qui s’occupe à la fois des tajines, du ménage, et de l’enfant. Dans sa précipitation habituelle – et compréhensible, cette personne n’a ni le temps ni les qualifications pour entourer l’enfant des soins dont il/elle a besoin. Les petits monstres que ces « nounous fabriquées » dessinent dans la mémoire de l’enfant à son jeune âge pour le faire taire se transforment aussitôt en des hantises qui pourraient pourchasser l’individu à la hauteur de ses cinquantaines.

C’est l’histoire d’un ami à moi qui, lorsqu’il était petit, était gardé par une bonne. Celle-ci, pour le faire taire à chaque fois qu’il jouait dans la maison, lui pointait du doigt une lumière rouge visible de la fenêtre des voisins d’en face, en répétant que c’était du sang et qu’elle l’y emmènerait s’il faisait des bêtises -à savoir quelle était sa définition des bêtises. Trente ans plus tard, mon ami a toujours cette phobie inexplicable (ou peut-être maintenant explicable) du sang. Il n’a jamais pu poursuivre des études en médecine pour cette même raison, et redoute effroyablement tout ce qui a trait aux composants du corps humain ou animal…

Trente ans plus tard, mon ami se demande si les menaces de cette bonne sont réellement à la source de sa phobie, et si la présence d’un parent à la maison aurait pu empêcher tout cela de se produire.

Combien de cas similaires existent-ils au Maroc d’enfants victimes d’harcèlement psychologique – et physique parfois – de la part de ces dites « bonnes » ? Je n’ai pas de chiffre exact mais je parierais sur un grand, à très grand nombre.

Maintenant, la question est : Faut-il payer comme prix une partie de sa carrière pour prendre soin de ses enfants et s’assurer que leur éducation se déroule dans les conditions les plus favorables ? Existe-t-il une autre alternative ?

Je ne répondrai pas à cette question à la place des parents, car c’est à eux, et eux seuls, que revient la décision. L’enjeu est de taille, non seulement pour les enfants, mais pour la société d’individus et de leaders qu’ils seront par la suite.

Thursday, July 30, 2009

Séminaire iEARN à Ifrane


J’ai eu l’occasion de participer la semaine dernière au séminaire iEARN (16ème édition) sur le développement des systèmes d’éducation à travers le monde. Pour la première fois, le séminaire a eu lieu au Maroc, au sein de la prestigieuse université Al Akhawayn. De part l’organisation impeccable du séminaire par le staff en charge, le contenu des conférences était très intéressant. J’aimerais partager avec vous l’une de ces expériences qui m’a significativement marquée.

Le programme s’appelle iEarn Pakistan. Financé par Adobe Youth Voices, un programme philanthropique international pour le développement des jeunes dans les milieux défavorisés, il permet à des centaines d’enfants Pakistanais partagés entre la guerre et la misère de prendre part à la vie estudiantine normale dont tout enfant du monde a besoin de jouir.

L’un des projets de ce programme consiste à initier les élèves à la science des medias et des créations cinématographiques. Les enfants participent à des ateliers où ils sont formés sur les principes de base de la production médiatique. Ensuite, ils utilisent les outils procurés par le programme (caméras, micros, …) pour mettre à exécution les notions apprises. Lors de la conférence, le présentateur a exposé au public des exemples de projets que les élèves ont réalisés. Nous avons été surpris non seulement par la qualité du travail effectué, mais aussi par les thèmes choisis. Ainsi, un groupe d’élèves ont produit un court reportage pour lutter contre le travail des enfants au Pakistan. Il s’avère que dans ce groupe se trouvait un enfant qui partait à l’école le jour, et travaillait la nuit… Ces productions permettent donc aux enfants non seulement d’exprimer leurs besoins par rapports à des problématiques socioéconomiques de taille, mais aussi de présenter ces problématiques sous un angle que nul ne saurait mieux exprimer que, justement, un enfant.

Je vous laisse découvrir ce programme à travers le lien suivant, en espérant que cela pourrait donner des idées pour démarrer des programmes similaires au Maroc.

http://www.iearnpk.org/

Les détails sur l'organisation du séminaire sont visibles sur le lien : http://archives.leconomiste.com/article.html?id_journal=3065&a=94415

Saturday, July 18, 2009

A Quand le Développement ?

Une histoire

Najoua est une Marocaine de 26 ans. Ayant poursuivi ses études aux Maroc, elle a décroché une bourse de mérite pour faire son mastère spécialisé aux Etats-Unis avec l’objectif de retourner au Maroc et devenir enseignante universitaire. Mais avant de pouvoir le faire, elle savait qu’elle devrait décrocher un PhD ou un doctorat d’Etat. Deux ans plus tard, et ayant fait preuve d’excellence et d’assiduité, l’université Américaine où Najoua a décroché son mastère lui propose une bourse additionnelle pour faire un PhD sur les remèdes possibles du virus VIH.

En se rendant aux autorités Marocaines pour leur faire part de son plan d’enseigner au Maroc après l’obtention de son PhD, Najoua apprend que pour le faire, elle a besoin d’obtenir l’équivalence de ce diplôme. En d’autres termes, qu’elle aurait besoin de faire une année supplémentaire de recherche dans un laboratoire Marocain, suivie d’une soutenance devant un Jury. La stupeur était à l’apogée.

Regards

Maintenant, ce n’est peut être pas le principe de l’équivalence en soi qui dérange, mais il faut essayer de donner aux choses les pondérations qu’elles méritent. Lorsqu’on récolte un diplôme d’un pays tiers-mondiste ou en voie de développement, on comprend le souci de l’Etat Marocain à vouloir maintenir un niveau scientifique respectable et à demander par conséquent des équivalences. Mais lorsqu’il s’agit d’une université mondialement reconnue pour ses recherches scientifiques très avancées, le postulat tourne son maître au ridicule. Ainsi, après plus de sept ans d’études et de recherches intensives dans l’une de ces universités, il faut perdre une année dans un laboratoire peu ou pas équipé, rédiger une thèse en Français, et soutenir devant un Jury Marocain pour pouvoir faire profiter l’université Marocaine de son savoir cumulé au pays des savoirs. Tout cela, sachant qu’un ingénieur ou licencié au Maroc peut obtenir ce même titre de « Docteur d’Etat » seulement en trois ans, et à temps partiel – s’il vous plaît. Cela en dit déjà long sur la qualité de ce « Doctorat »…

Et Alors ?

Alors, je me demande: de quel œil perçoit-on encore l’intellectuel Marocain ? Quelle stratégie l’Etat Marocain a-t-il pour faire valoir ses compétences encore désireuses de retourner au bled et de participer au développement économique et scientifique du pays ? Jusqu'à quand allons-nous encore détourner les yeux de ces failles structurelles fatales dans notre système d’éducation et de formation, et quand allons-nous nous déterminer à y remédier ?

Les réponses à ces questions ne sont pas à ma portée, ni à celle de Najoua qui commence déjà à penser à abandonner le plan de retour… Quel dommage !

Saturday, July 11, 2009

Quand la télévision nous éduque


Si vous êtes habitant(e) du Maroc ou si vous regardez simplement la chaîne télévisée 2M Maroc, vous rencontrerez sans doute une série télévisée qui passe à 19h heure locale intitulée « Anna ». Plusieurs éléments sont intrigants dans cette série : Tout d’abord, la langue. La série est traduite de l’espagnol à l’argot Marocain (la Darija). Pour une nouveauté, c’en est une car on n’avait jamais vu auparavant une série du genre traduite en argot – la langue de traduction était habituellement l’arabe classique. Mais le souci n’est pas dans le choix de la langue mais plutôt dans le choix du langage utilisé et de la série en question. Comme plusieurs des séries d’Amérique Latine traduites en arabe, « Anna » régurgite les faits banals de la vie de tous les jours sans vraiment apporter une dimension éducative ou culturelle dont le téléspectateur pourrait bénéficier. En d’autres termes, c’est une sorte d’anesthésie intellectuelle. Mais ce qui m’a ennuyée le plus particulièrement dans cette série est le choix de certains mots qui dénudent le contenu de toute empreinte de respect envers nos valeurs morales. Le très peu de fois où je suis tombée sur la série, j’ai entendu des phrases comme « hadak lmenhouss dial Ricardo », « iwa choufiliya m3ah... », ou encore « mchit 3end l3achiq diali… »…etc. Si ces termes sont banalisés et acceptés dans certaines cultures, il me fait de la peine de voir qu’ils deviennent aujourd’hui publiquement infiltrés dans la nôtre, surtout lorsqu’ils sont dits en Darija, notre langue et une partie de notre identité. Non pas qu’il faut être contre l’ouverture aux différentes cultures, mais lorsque cette ouverture consiste à collecter uniquement les aspects bas et malsains de la condition humaine, elle devient une menace envers les civilisations avec toutes leurs composantes historiques et culturelles, au point de doucement les effacer, les mutiler.

J’ai toujours pensé que la télévision parlait le langage officiel de la société, et que son rôle primordial était d’éduquer – au vrai sens du terme – le téléspectateur. Je n’arrive pas à concevoir comment les responsables de la sélection des programmes à 2M ont toléré le passage de cette série, et quel type d’éducation ces personnes entendent inculquer au citoyen Marocain. Je comprends encore moins l’audace des artistes Marocains qui ont participé à la traduction d’un travail d’une telle bassesse intellectuelle.

Wednesday, July 1, 2009

The Leader in Me


« The Leader in Me » est le titre d’un livre fascinant qui a fait cette année le tour des bibliothèques et des professionnels de l’éducation. Encore une fois, Stephen Covey fait ses preuves en termes d’expertise en management et leadership, mais cette fois-ci, avec les enfants.

Le livre est inspiré de l’ancien best seller « Les Sept Habitudes des Personnes Efficaces » et transpose les qualités de leadership discutées dans le livre sur les enfants à l’école primaire.

L’auteur a donc fait le tour des écoles, des Etats-Unis au Japon passant par Singapour. Dans sa tournée, il a rencontré les élèves, les administrateurs et les enseignants, étudiant avec eux les aspects d’application des sept habitudes au niveau de l’école primaire. Etonnamment, les enfants ont très bien réagi à ces nouveaux concepts au point d’en devenir une source d’inspiration.

Jusqu’à quel point ces concepts sont-ils applicables dans les écoles Marocaines ? Personnellement, je n’y vois pas d’entraves majeures à part la préparation des mentalités à accepter le changement et la foi de nos leaders en ce changement ; car aussi fort qu’on le souhaite, si la volonté politique ne suit pas, le changement n’aura pas lieu…

Je recommande ce livre à toute personne intéressée par l’apprentissage des techniques d’enseignement primaire les plus avancées à ce jour.

Good News!!

J'ai appris avec joie et surprise que le processus d'évaluation à 360° a été implémentée cette année à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rabat au sein du Département de Géomorphologie.

Bien que la procédure n'ait pas été mise en place de manière officielle à travers l'ensemble de la Faculté, les résultats ont été publiquement annoncés au niveau de l'établissement et des autres départements.

Face à cette initiative courageuse et louable, je salue les professeurs qui ont veillé à l'implémentation et la réussite de l'évaluation à 360°.

Go Morocco !!

Wednesday, June 24, 2009

Une visite, Une joie, Un amertume



J’ai été visiter ce matin, pour la première fois, la Bibliothèque Nationale du Royaume. A premier abord, le bâtiment semble impressionnant, mais la beauté réside dans le détail…

En effet, après avoir obtenu un badge de visiteur de chez la réceptionniste, j’ai pris le temps d’étudier les lieux. Très bel intérieur, décoration très moderne, matériaux de qualité et une propreté impeccable. L’endroit n’avait rien à envier aux bâtiments luxueux des Etats-Unis. Fière de me retrouver dans ce joyau national, j’avance vers l’exploration.

D’abord, la Salle de Lecture : Un espace large partagé par une allée séparant les tables en bois et chaises en cuir noir des étagères de livres. Les baies vitrées de la salle donnant sur un jardin Marocain ajoutaient au charme de l’endroit. Plusieurs étagères sont encore vides, mais une vingtaines d’étudiants occupaient déjà les lieux.

Comme premier reflexe, j’ai cherché un catalogue où je pourrais localiser les livres et domaines qui m’intéressent. Mais en demandant aux responsables, on m’a simplement donné une feuille où sont imprimés les noms de domaines avec des numéros. J’ai été surprise que ce détail n’ait pas été implémenté de manière plus efficace vue son importance…



Deuxième stop : L’Espace de Revues et Journaux. Encore une fois, l’endroit est impeccable et très attirant. Mais en parcourant les magazines exposés sur les rangées, je suis surprise de voir la majorité d’entre eux datant de 2007, 2005, …etc. L’un d’entre eux datait de 1990 !!! Les journaux, eux, était plutôt récents.

J’ai avalé cette importunité et me suis dirigée vers l’Espace des Chercheurs ne pouvant contenir ma curiosité. Là-bas on m’a expliqué que l’on pouvait effectuer une recherche des ouvrages par auteur ou par titre d’ouvrage. Voilà ce qui ressemble au catalogue que je cherchais quelques minutes auparavant, me dis-je ! Mais ma joie n’a duré que quelques secondes. Une fois dans la « Salle de Recherche » j’ai vite compris ce qu’était un catalogue « à la Marocaine » : Des centaines de petits casiers les uns à côté des autres bordaient le long couloir. Chaque casier contenait quelques centaines de petits cartons en vieux papier jauni imprimé en caractères dactylographiques. L’idée était donc de parcourir chacune de ces cartes à la recherche du titre de l’ouvrage ou de son auteur afin de trouver la référence du livre et son emplacement dans la bibliothèque !! Sidérée par ce handicap à peine croyable. J’ai quitté les lieux.



Je n’ai pu cacher ma peine après cette courte visite de la bibliothèque nationale. L’édifice offre tout ce qu’un bâtiment luxueux et bien équipé requiert, mais les mécanismes qui feraient fonctionner ce bâtiment et lui feraient atteindre son objectif étaient douloureusement absents. Comment veut-on qu’un jeune homme ou une jeune femme, vivant au cœur du 21ème siècle, à l’ère de Google et de l’Halogram, puissent encore effectuer une recherche sur des cartes sentant le moisi ??!!
Aurait-il été difficile de recruter des étudiants en informatique – même pas des ingénieurs ou licenciés – pour créer des bases de données numériques, les alimenter et les maintenir pour la Bibliothèque Nationale du Royaume ?! Le coût d’un tel projet n’aurait en tout cas certainement pas dépassé celui du beau marbre flambant des murs…

Nos mécènes ont également un rôle important à jouer. La bibliothèque n’est pas un musée, elle requiert une maintenance constante par des ouvrages récents et des technologies de pointe. Je souhaiterais voir nos mécènes investir un peu plus dans ce domaine pour donner à l’éducation l’intérêt qu’elle mérite.

Le vénérable Professeur Al Suwaidan a sagement dit un jour : « Ce ne sont pas les bâtiments qui construisent les civilisations, mais les ressources humaines et les compétences pour gérer ces bâtiments ».

Saturday, June 20, 2009

Evaluation à 360 degrés


Augmenter la productivité en classe tient, entre autres, à améliorer le rendement du professeur sur le long terme. Pour ce faire, les contrôles d’inspection ne peuvent, à eux seuls, assurer une continuité d’assiduité, plus encore, ces contrôles ne peuvent tenir le professeur devant ses responsabilités à un niveau quotidien.

Une idée pour répondre à cette exigence serait d’utiliser les méthodes d’évaluation à 360°.

Dans ce cadre, le professeur évaluerait l’élève à travers les tests oraux et écrits, mais serait également évalué par l’élève. Cela pourrait typiquement se faire de manière périodique (a la fin de chaque trimestre ou semestre), où les élèves jugeraient de manière anonyme la qualité du cours, de leur apprentissage, et du professeur suivant des critères prédéterminés. Les fiches d’évaluation seraient remises directement a l’administration de l’établissement, et le professeur n’en saurait les résultats que plus tard.

En réfléchissant sur les bénéfices de ce type d’évaluations, une bouffée d’optimisme me submerge, car je me rends compte que cela pourraient résoudre beaucoup d’handicaps dans notre système d’éducation. Parmi ces bénéfices :

- Le professeur sera beaucoup plus vigilant en classe et fera en sorte à améliorer la qualité de son enseignement puisque sa rémunération serait impactée, entre autre, par les évaluations des élèves

- Moins d’absentéisme serait enregistré de la part des professeurs

- Une concurrence positive entre professeurs prendrait place pour obtenir les meilleurs scores, boostant immédiatement l’innovation et la créativité en classe

- La qualité de l’enseignement, en général, verrait des jours meilleurs…


Maintenant qui empêche cela d’avoir lieu ? Les lobbies de professeurs ? Je ne suis au courant d’aucun…, les administrations des établissements ? Ce ne serait pas dans leur intérêt de le faire… Je suis certaine que l’évaluation à 360 degrés a déjà effleuré les esprits de nos décideurs…, mais où donc est-ce que la roue bloque ?

Sunday, May 31, 2009

Le Travail en Equipe

Les cinq habitudes de Stephen Covey que nous avons parcourues jusqu’à présent -dans les posts précédents- impliquent toutes un effort individuel que la personne est appelée à fournir pour améliorer sa condition et son mode de vie quotidien.
La sixième habitude, que je présente ci-après et qui complète ses cinq précédentes, combine tous les efforts individuels précédemment décrits, et les mixe en une synergie productive : Le travail en équipe.



Pourquoi parler de travail en équipe ? Cette question serait légitime à poser dans une société qui encourage peu le travail en groupe. En effet, dans nos écoles, les notes sont obtenues majoritairement à la base de travaux et devoirs que l’élève effectue individuellement. Malheureusement, cette approche cultive la culture d’individualisme de la pensée, et inhibe l’esprit de partage. Pire encore, cette approche prive les élèves du bénéfice de l’échange, du débat, et de la gestion de conflits engendrés dans un travail en groupe.

Comment travailler en équipe ?

Il existe des compétences/qualités que toute personne, souhaitant interagir avec succès au sein d’un groupe de travail, devrait avoir :



1- L’écoute active : en prêtant attention à l’argumentaire des autres membres du groupe, et en étant prêt à modifier nos convictions si cet argumentaire est plus raisonnable que le nôtre.

2-La communication: en présentant nos idées de manière claire et concise.

3- La responsabilité : En tant que membre de l’équipe, nous avons une responsabilité auprès des autres membres d’accomplir les tâches qui nous sont conférées dans les objectifs de temps et de qualité prédéterminés, apportant ainsi une contribution positive à l’ensemble du groupe.

4- La préparation : en préparant à l’ avance les points de discussion de la réunion afin de faire bénéficier l’équipe au maximum de notre présence.

5- La coopération : en faisant preuve de flexibilité et de volonté de partage et de participation aux diverses tâches du groupe.

6- Le respect : en montrant les aspects de comportement respectueux, et en se souciant de l’intégration de chacun des membres de l’équipe.

7- La gestion de conflits : Une équipe ne peut fonctionner sans l’interaction constructive de ses membres. Comme le conflit fait partie naturelle de ce processus, il est important de pouvoir le résoudre en faisant appel au raisonnement rationnel et aux différentes techniques de communication.

8- Le feed-back constructif : Enfin, il est aussi important de donner du feed-back aux autres membres de l’équipe dans une session d’évaluations. Afin qu’elle atteigne son objectif, l’évaluation doit être objective, mais surtout constructive. Dans cette mesure, il est recommandé de commencer par les points forts de la personne, de présenter ensuite ses points faibles, en proposant une solution ou méthodologie d’amélioration de ces points.

Finalement, il serait incorrect de supposer que le travail en équipe s’apprend à travers les manuels et les livres uniquement. Il est primordial de se mettre à l’exercice et à la pratique pour être un membre efficace et producteur.

Tuesday, May 26, 2009

Gestion du temps et rendement d’apprentissage en classe



Je me souviens encore de ces après-midis chauds et lourds, le soleil de 14h tapant fort sur les fenêtres, doublant la chaleur à l’intérieur de la classe ainsi que notre probabilité de succomber au sommeil qui alourdissait déjà nos paupières. Le professeur contribuerait à cet effet magique en répétant de son ton le plus monotone : « Awwalan kabira – bil’ahmar- Alharb Al’Alamiya Al’Oula » (Grand 1- en rouge- La Première Guerre Mondiale) « Awwalan saghira – bil’akhdar- Al asbab… » (Petit 1- en vert- Les Raisons…)

La dictée serait longue, ennuyeuse, tuante. Mon écriture finirait par suivre une ligne hyperbolique, ascendante ou descendante, reflétant ma concentration estompée…
Chaque séance serait comme sa précédente ; une dissertation de dix minutes, suivie de quarante minutes de dictée. Un examen à la fin du trimestre où l’on devait ruminer tout ce qu’on avait écrit. Des années plus tard, on se rend amèrement compte que ce qu’on a retenu de ces cours d’histoire-géographie est ridiculement restreint.

Bien entendu, ce n’était pas le cours en soi qui était faible en contenu, mais la pédagogie d’enseignement de ce contenu serait discutable. Je me permettrai donc de réfléchir sur des méthodologies et techniques qui auraient rendu ces cours nettement plus attrayants, et plus utiles sur le long terme.

Une Alternative


Puisque le résultat de chaque séance serait de sortir avec trois à quatre pages de littérature, pourquoi ne pas distribuer aux élèves, au début ou à la fin de la séance, des polycopies résumant le contenu du cours ? Les 60% du temps gagnés pourraient alors être exploités de manière plus efficace, par exemple :

- Le professeur pourrait faire une projection d’un court documentaire historique qui serait suivi d’un débat orienté vers les objectifs du cours
- Le documentaire pourrait également être de nature purement éducative, sur la géographie des continents, par exemple, les climats terrestres…etc.
- Si de tels équipements sont difficiles à obtenir à l’établissement, le professeur peut toujours inventer des méthodes créatives pour transmettre le message. Cela peut prendre la forme de jeux éducatifs, de discussions-débats, de compétitions, …etc. Evidemment, chacune de ces activités servirait les objectifs d’apprentissage de la séance.
- Les élèves tireraient aussi un grand bénéfice en faisant des exposés individuels ou en groupe sur le sujet du cours. Cette activité non seulement stimule-t-elle les capacités d’apprentissage des élèves, mais elle les aide à améliorer leurs capacités de communication et de présentations en public.

Ces quelques activités interactives permettent aux élèves de mieux internaliser leurs cours, maximisant ainsi leur rendement d’apprentissage en classe.

Wednesday, May 13, 2009

L'Enseignement Redéfini

*** Attention ! Article long, mais intéressant à découvrir. ***


Je viens de retourner de ma visite d’une école de type très particulier. Dès que j’arrive, et avant que je ne puisse frapper à la porte de l’administration, je suis surprise de voir deux enfants, autour de l’âge de 10 ans, pieds nus, occupés à transporter une grande table en plastique vers un coin de la cour. Un peu étonnée de cette attitude inhabituelle à 10 heures du matin dans une école primaire, je frappe à la porte du bureau et rencontre Ashley, la personne en charge. Deux minutes plus tard, Ashley m’accompagne pour une tournée rapide de l’école. Et voilà que les deux enfants apparaissent devant nous encore une fois. Mais là, à ma stupéfaction, au lieu de les sermonner, Ashley les salue et s’engage avec eux dans une discussion enthousiaste sur le gros insecte qu’ils viennent de découvrir à l’autre bout du jardin… Bien, je me dis, peut-être ont-ils une sorte d’activité parascolaire, c’est pour cela qu’ils sont en dehors de la classe à faire ces choses bizarres…

















Mais ma surprise ne faisait que commencer…

Ashley me conduit vers l’une des classes de maternelle pour que j’observe le cours. Mon amie, Amirah (Amy), est la maîtresse de classe, elle est assistée par un autre maître.

L’aventure commence depuis que je mets le pied en classe. D’abord, il serait inexact de l’appeler une classe. C’est plutôt une sorte de vaste salon, avec un parquet en bois et des lumières tamisées. La salle est aménagée en petits espaces déterminés par des étagères en bois, des petites tables et petites chaises, aussi en bois. Sur le parquet s’étalent quelques tapis ici et là où les enfants « travaillent ». Une vingtaine d’enfants, justement, semblent occupés par des jeux, individuels ou en groupe, dans une atmosphère très détendue. Je prends place sur une chaise aussi discrètement que je le peux, et j’observe.

D’abord, les étagères. Une multitude d’objets en bois sont rangés sur les étagères. Différentes formes, différentes couleurs. Des lettres d’alphabet, des chiffres, des autocollants…etc. Chaque enfant ou groupe d’enfants ont devant eux un petit tapis qu’ils déroulent et sur lequel ils travaillent. A la fin du travail, les enfants savent qu’ils doivent ranger les objets qu’ils utilisaient et les remettre à leur endroit pour les préparer pour la personne suivante…
Le « travail » que les enfants font est ce qu’on appelle chez nous des jeux. Cela peut aller d’une carte géographique en bois, de puzzle d’alphabet, de coloriage interactif, à l’apprentissage des lettres et mots. J’ai même vu un enfant ardemment frotter une théière en argent avec une brosse à dents, du sel, et un liquide rosâtre ! Après 10 minutes de travail méticuleux, la théière brillait d’un or lumineux ! Fier de son travail, il le montre au maître qui l’en félicite. Entre-temps, Amy est agenouillée par terre, à côté d’un autre enfant, entrain de lui enseigner de nouvelles lettres d’alphabet…

*** *** ***

De quoi s’agit-il en fait ? Et comment cette école est-elle différente de ses semblables ?
Le modèle de l’école est nommé « Montessori School », ou Ecole Montessori. La philosophie de ce modèle est de ressortir les compétences des enfants, tout un chacun, de se focaliser sur ces compétence, et de les développer au maximum. S’engageant dans un apprentissage personnalisé, l’enseignant interagit individuellement avec chaque élève à travers diverses activités. Quotidiennement, l’enseignant prend note de l’avancement de chacun de ses élèves en souscrivant les leçons qu’il/elle a apprises ce jour là et les activités qu’il/elle a entreprises. Des leçons en groupe sont aussi au programme. Par exemple, la géographie des continents, la musique, les mathématiques, l’histoire…etc. Mais parlant de programme, il n’y en a en fait pratiquement pas : c’est l’élève qui choisit le travail qu’il/elle souhaite faire ou apprendre, et l’enseignant est là pour les coacher et les guider. Cependant, l’enseignant peut sélectionner un travail pour un élève si celui-ci le demande…

Me posant des questions sur l’intérêt d’un tel modèle, j’ai appris que les élèves qui achèvent un parcours académique dans une école Montessori démontrent des capacités d’adaptation extraordinaires par la suite dans leurs vies. Ils sont beaucoup plus indépendants que les autres élèves, et font preuve d’une grande capacité dans les domaines de la gestion du temps, la prise de décision, et le travail en groupe. En outre, ces élèves exhibent un plus haut degré de confiance en soi.

*** *** ***

A 10h50, Amy se lève d’à côté de son élève, et se dirige vers le coin de la salle où elle saisit une petite cloche et la sonne très discrètement. Immédiatement, un silence absolu règne dans le salon. Tout le monde écoute. Elle annonce que la session du matin est terminée et que chaque élève est prié de ranger son « travail » et de mettre sa carte de nom à côté. Cinq minutes après, tout était rangé, les élèves s’asseyaient en cercle par terre avec Amy et son maître assistant. Amy avait pris une guitare qui était accrochée au mur, et le groupe a commence à chanter dans des voix fines et mélodieuses « Ne me pousses pas, je suis ton ami, tu peux jouer avec moi, tu peux prendre ma main… mais ne me pousses pas… ».

Je suis restée quelques moments à observer comment ces enfants ont à la fois compris, à un âge très jeune, les valeurs du développement personnel et du respect. En méditant plus longuement sur ce que j’ai découvert, j’ai compris pourquoi le gap éducatif se crée si rapidement entre nos enfants et ceux des pays développés.

Une garderie, ce n’est pas fait pour « surveiller » les enfants, au sens littéral du terme, et ensuite les forcer à prendre une « sieste » avec la tête courbée sur la table ! L’apprentissage de la vie en société, du respect, du partage, des sciences et de la littérature peut commencer à un âge aussi jeune que 3 ans. Et cela, nos garderies ont encore un long chemin à parcourir avant d’y arriver.

*** *** ***
Doucement, j’ai quitté la salle, laissant derrière moi un espace où les leaders de demain sont construits, un à un.

Monday, May 11, 2009

Understand Then Be Understood

L’écoute est une composante essentielle de l’art de la communication. Poussant ce concept au-delà de ce domaine d’application, Stephen Covey prône l’écoute comme base principale de l’éducation.



Dans ses 7 habitudes (The 7 Habits), M. Covey met l’accent sur l’importance de comprendre l’autre avant de se faire comprendre. Il traduit cela en deux principes de base dans le domaine de l’éducation:



1)Donner aux gens un « temps-mort émotionnel » est la première étape pour leur permettre de dégager et de gérer les émotions :

Ici encore, l’écoute revient comme élément de base dans la résolution de conflits. Le « temps-mort émotionnel » dont parle Stephen Covey représente cette attitude de retenir ses émotions et réactions le temps que l’autre parti ait l’opportunité de décrire le problème à partir de son propre point de vue. Cette opportunité est très vitale puisqu’elle permet de dégager les émotions en premier avant de résoudre le conflit de manière plus rationnelle. Ce pendant, pour atteindre ses objectifs, l’écoute doit être sincère et authentique, comme préconisé par Covey : « Ecoutez avec vos oreilles, vos yeux, et votre cœur jusqu'à ce que votre enfant sente qu’il/elle est entièrement compris(e) ».



2) Faire comprendre vos émotions de manière calme et mature est aussi important que l’écoute :

Mais il n’y a pas que l’écoute dans le processus de gestion de conflits. Il faut aussi savoir se faire comprendre. Il est facile de le dire certes, mais le calme demeure le moyen inégalé de gagner le respect et l’attention d’autrui.
Dans ce volet, Stephen Covey insiste également sur l’importance d’accepter les remarques et feed-back des autres, en communiquant clairement et précisément nos émotions et en rectifiant tout feed-back erroné.

Sunday, April 19, 2009

Think "Win-Win"

Etre un individu responsable et productif dans la société passe aussi par le respect d’autrui et la considération du gain collectif. En d’autres termes, agir en strict caractère égoïste ne peut que ruiner la société et ses individus. C’est ce que Stephen Covey corrige par le concept de « Think Win-Win » ou « Penser Gagnant-Gagnant ».



Dans la Théorie des Jeux (Game Theory), et en considérant deux joueurs, il y a quatre résultats possibles:



(1) Je Gagne – L’autre Perd : Malheureusement, c’est la formule la plus largement répandue dans nos relations sociales et commerciales. Il est simplement ancré dans nos habitudes de penser seulement à notre intérêt personnel, en supposant que l’autre se débrouillerait après. Cela peut aller de décisions aussi importantes que de corrompre un officier pour accélérer un processus administratif, jusqu'à des actions quotidiennes banales comme garer sa voiture entre deux spots, empêchant le prochain arrivé de bénéficier du deuxième spot.

(2) Je Perds – L’autre Gagne : Souvent, cette situation est plus subie que choisie. Comme l’on peut deviner la frustration qui en résulte, cela devrait nous conduire à penser également à l’intérêt du parti opposé lorsqu’on se trouve en position de force.

(3) Je Perds – L’autre Perd : Ironiquement, cette situation se produit en résultat des deux situations précédentes. Souvent, lorsque chacun maximise son propre intérêt avec l’intention de réduire l’intérêt d’autrui, chacun diminue ses chances de bénéficier de ce que l’autre peut lui apporter. Un exemple serait celui d’une entreprise qui choisit de casser les prix d’un produit qui se vend aussi par l’entreprise concurrente. La première peut réaliser des gains grâce à la vente massive, mais ce gain sera à très court terme, car la deuxième entreprise peut répondre à cette stratégie en cassant les prix à son tour. En fin de compte, le gagnant dans tout cela est le consommateur qui achète le produit à un prix réduit, mais les deux entreprises auraient perdu.


Enfin ! Je Gagne – L’autre Gagne :
Dans l’exemple de concurrence ci haut décrit, la meilleure stratégie serait que les deux entreprises se mettent d’accord sur une tactique de marketing qui jouerait en la faveur des deux à la fois, et au moment où l’une des entreprises déraille de cette tactique dans l’intention de faire plus de bénéfice au détriment de l’autre, le jeu se rejoue et les deux finiront en situation de perte mutuelle.

L’exemple de la concurrence des marchés n’est qu’un aspect parmi d’autres qui reflète les mécanismes de nos relations socioéconomiques. Eduquer les générations futures à considérer l’importance du bien global par rapport à l’intérêt personnel jouera substantiellement dans la balance sociale et économique qui gouverne le monde.

Monday, April 6, 2009

Ma carrière: Qui en décide? (2/2)

Je reviens donc à ce sujet concernant le choix de carrière en concordance avec la vocation plutôt que les tendances du marché. Rappelons, avant d’aller plus loin, tout de même, qu’il n’est pas maladroit de choisir sa carrière par rapport à la demande du marché, c’est même un choix raisonnable. Ce que je voudrais souligner, par contre, est que l’on peut être un businessman célèbre, un avocat accompli, un médecin riche, … mais une chose est sûre : si le cœur n’y est pas, le maximum que l’on puisse offrir sera l’efficacité, mais jamais la créativité nécessaire pour entreprendre les changements qui transforment profondément le parcours de l’humanité.



Je voudrais donc dédier ce post à quelques réflexions sur la manière dont l’orientation scolaire peut être améliorée :

1- La formation de l’orientateur : A ma connaissance, il n’existe pas aujourd’hui au Maroc un curriculum que la personne en charge de l’orientation peut suivre. Cette personne, en effet, se base communément sur des connaissances et informations très générales collectées de diverses sources. Pour compenser ce manque de précision et d’analyse, il serait favorable de mettre en place des programmes détaillés qui fourniraient à l’orientateur les outils nécessaires pour l’aider à mener à bien son travail.

2- Plus d’interaction : Il serait également utile de multiplier les visites de l’orientateur aux lycées et collèges. Cela permettrait à ce dernier de mieux connaitre les élèves et leurs intérêts, mais aussi, cela ouvrirait aux élèves des champs multiples de discussions et débats autour de leurs carrières.

3- Tests d’orientation : Il y en a des gratuits sur internet, mais les établissements scolaires pourraient investir dans des tests professionnels que les élèves prendraient pour déterminer le spectre des secteurs d’activité et métiers qui conviennent le plus à leurs personnalités. Ces tests ne sont généralement pas totalement inconsistants, en effet, je viens de m’amuser à en prendre un ; j’ai été très étonnée du résultat : la description du type de carrière proposée correspond parfaitement à ce que je souhaite entreprendre… Que dire de l’effet d’un tel test sur un eleve de 17 ans encore pataugeant dans l’indécision ?...

Sunday, April 5, 2009

Lorsque les politiciens le veulent...

Changer le système d’éducation au Maroc requiert une mobilisation massive de la société civile. Mais le changement passe aussi, et surtout, par la volonté politique et le soutien moral, financier et institutionnel des leaders de ce pays.

Obama donne un excellent exemple du rôle du leader dans l’implémentation d’une nouvelle politique d’éducation.






Dans l’espoir que nos politiciens s’en inspirent…

Sunday, March 29, 2009

Ma carrière: qui en décide? (1/2)

Souvent, j’ai des discussions avec mes proches et amis sur la situation économique et sociale du pays. Et souvent, les discussions sont longues, passionnées, couronnées d’idées et suggestions que chacun de nous peut entreprendre pour améliorer ce qu’il/elle peut améliorer. Et plus souvent, dans mon enthousiasme et réflexions, je me dis : « J’aurais pu être sociologue !». Pourquoi donc ai-je suivi le chemin de l’ingénierie, puis de l’informatique ? Huit ans de ma vie à ruminer des concepts qui m’ont toujours semblé pauvres en humanisme. Et ma conviction se renforce, « J’aurais peut-être mieux réussi en sciences humaines ». Mais qui aurait pu me le démontrer dix ans auparavant ? Et aurais-je pu savoir qui je voulais réellement être ?



Je pose toutes ces questions car je suis convaincue que des milliers d’autres marocains se les posent tous les jours, s’ils en sont conscients.

Ces questions soulèvent aussi une problématique profonde dans notre système d’éducation : L’orientation.

Comment se passe une session d’orientation typique dans nos lycées publics ? La personne en charge «d’orienter » les élèves se présente en classe, sort un paquet de brochures de son cartable, et commence à donner les conseils sensés diriger les carrières de ces élèves : « Si vous avez au-delà de 16 de moyenne, vous pouvez faire la médecine, l’architecture, les classes préparatoires. Entre 14 et 15, vous pouvez vous inscrire [ici et là]… Mais en deçà de 12 de moyenne, et si vous n’êtes pas assez riche pour vous payer des études dans une école de commerce privée, eh bien la fac des sciences ou des lettres vous ouvre grand ses portes… »… On dirait que l’on écoute des sentences de mort plutôt que des opportunités capable de transformer et faire rayonner les vies de ces jeunes bourgeons.

Quel est le mal dans cette approche ? Le problème majeur que j’y vois est son maque de personnalisation du message. En effet, cette « orientation massive » élimine les considérations humaines qui font que chaque individu est différent de l’autre grâce à des caractéristiques très spécifiques. Le danger est que cette approche de « catégorisation par moyennes » délimite le cadre de pensée des élèves eux-mêmes et de leurs parents. Du coup, très souvent, les élèves brillants se dirigent automatiquement vers la médecine et l’ingénierie, les moins brillants vers les facultés de droit et des lettres, sans vraiment prendre le temps de réfléchir à leur vocation ou au type de carrière qui les rendra plus  heureux  et plus épanouis.

D’un autre côté, et d’après ma mémoire,  l’orientateur  ne prenait jamais le temps de décrire à quoi ressemblerait la carrière d’un médecin, d’un poète ou d’un ingénieur… Par conséquent, les élèves sortent de la session avec des idées très vagues et surtout idéalistes du choix de carrière qu’ils entendent faire, un choix souvent en diapason avec les normes et pressions sociales qu’ils subissent tous les jours de leurs entourages.

Le malheureux résultat en est qu’après plusieurs années d’études ou de travail dans un domaine bien spécifique, la personne découvre que son cœur est ailleurs et le marche-arrière est difficile, pratiquement impossible dans plusieurs des cas. Bien entendu, quelle productivité ou créativité devrait-on attendre d’un individu qui a perdu goût au travail qu’elle/il entreprend si sa passion l’attend ailleurs…

Saturday, March 7, 2009

First Things First

Stephen Covey met l’accent, en troisième lieu, sur l’importance de la priorisation : Commencer par les premières choses en premier. Cette logique semble pourtant naturelle. Mais la question serait : que signifie-t-on par « premières choses » ? Sont-elles les plus « globales », les plus « faciles à réaliser », les « moins coûteuses »… ?



Dans l’espoir d’élucider un peu plus cette notion de priorisation, j’aimerais partager deux expériences que j’ai vécues pendant ces quatre dernières années :

*** 1- Priorisation au travail: Dans mon ancien boulot, j’avais tendance à démarrer la journée par lister les tâches que je devais accomplir avant de quitter le bureau. Sans surprise, la liste semblait toujours longue et décourageante. Je suis tombée alors sur un livre de Pierre Sahnoun intitulé « Conseils au jeune guerrier » qui présentait une approche intéressante de la priorisation au travail. L’idée est la suivante : Une fois la liste de tâches dressée, il suffit d’inscrire à côté de chacune l’une des lettres A, B ou C selon les critères suivants :



Du coup, la longue et pénible liste se transforme en de conglomérats de A, B et C. Naturellement, l’on commencerait par les A, ensuite les B, puis les C.

*** 2- Priorisation à l’école : J’ai eu l’occasion de travailler avec des élèves du CE2 dans un cadre de volontarisme où je leur enseignais des concepts basiques de management. L’une des séances portait sur les modes de production dans une usine, à savoir la production unitaire et la production en chaîne. La simulation était le meilleur moyen de leur faire comprendre ces nouveaux concepts. Nous avons donc transformé la classe en une petite usine de fabrication de beignets. Les élèves se sont distribués en deux équipes, l’une pour fabriquer les beignets en mode unitaire, l’autre en mode enchaîné. L’enthousiasme était au plafond, mais le plus important était que les élèves ont vite compris que pour battre l’équipe opposée, il fallait suivre le bon ordre de production avec une priorité bien déterminée : La farine en premier, ensuite les œufs, le lait, la cuisson, et ce n’est qu’à la fin que la crème est ajoutée… autrement, le beignet serait compté comme un déchet suite à une faute de fabrication.

Les œufs, les beignets, la crème… ont été simulés par de simples autocollants, mais l’expérience a été aussi amusante pour ces enfants qu’enrichissante.

Monday, March 2, 2009

Une école unique

Ohh.. Voila longtemps que j’ai disparu… entre examens, projets et d’autres petits soucis… mais la forme est de retour, et là, j’ai envie de partager avec vous une expérience fascinante que j’ai vécue ces trois derniers mois.

Je travaillais en fait sur un projet faisant partie du cursus scolaire. Mon équipe, de trois étudiants, devait aider un établissement local de l’enseignement secondaire à mettre en place une stratégie de développement futur. Le projet était challengeant, mais le plus intéressant à mentionner est le modèle de l’école. Durham Nativity School est le nom de l’établissement. Située au centre ville qui pourrait être qualifié de tout sauf agréable et sécurisé, l’école recrute des garçons de 10 à 11 ans issus de milieux socio-économiques défavorisés, et leur offre une formation de très haute qualité. Bien entendu, les élèves ne paient pas un sou, puisque leurs familles n’en ont pas les moyens. La seule condition qu’ils soient admis à l’école est qu’ils soient brillants dans leurs études et bien éduqués. Plus encore, l’école travaille dur pour placer ses pupilles, à la fin de la troisième année, dans des lycées privés prestigieux avec des bourses complètes pour couvrir l’ensemble de leurs frais. Une fois sortis du lycée, l’école assiste les élèves à intégrer l’université, encore une fois avec une bourse complète.

Cela semble comme dans un rêve ! N’est-ce pas ? Eh bien oui. Et pourtant, ce docteur retraité qui a démarré ce projet huit ans plus tôt sauve chaque année plusieurs vies des griffes de la délinquance et de la destruction.










Notre rôle a été principalement d’aider l’école a développer une stratégie de recrutement en analysant les caractéristiques du marché local. Mais j’ai envie de tourner votre attention vers autre chose. Tout en travaillant sur ce projet, j’essayais de pondérer la possibilité de répliquer ce modèle au Maroc.

Pour réussir, ce modèle devrait être implanté au sein d’une population pauvre où les enfants et leurs familles reconnaissent l’importance d’aller à l’école. Mais aussi, ce modèle requiert avant tout des fonds pour financer le tout, depuis les charges opérationnelles jusqu’aux frais de scolarité future des élèves. Enfin, pour réussir, ce modèle a besoin de personnes motivées par l’unique objectif de chaque jour impacter la vie de ces enfants vers le mieux.

Laquelle de ces trois conditions n’avons-nous pas au Maroc ? La pauvreté ? J’en doute fort. Des familles qui s’acharnent pour envoyer leurs enfants à l’école en dépit de la misère ? Il y en a encore, et beaucoup, heureusement (ou pas…). Et pour l’honnêteté ? Oui, je la vois encore, bien que plusieurs de nos jeunes y ont déjà perdu foi. Maintenant, pour les fonds, il y a plusieurs solutions que l’on pourrait envisager :

1- Ce genre de projets pourrait être financé par des organismes internationaux tels que l’UNICEF, le PNUD, …
2- Plusieurs individus riches dans le monde souhaitent dépenser leurs fortunes dans des projets de bienfaisance ; celui-ci pourrait constituer une bonne fin pour ces personnes,
3- Enfin, sans aller trop loin, le Maroc compte plusieurs millionnaires et milliardaires dont une fraction des richesses serait suffisante pour résoudre les problèmes de villes entières. Mais nous ne demanderions qu’un « petit » financement pour la cause de ce projet,
4- .. Merci d’ajouter vos idées…

Tuesday, February 3, 2009

Begin with the End

Commencer par la fin, ou commencer par définir l’objectif final est la deuxième règle cruciale de Stephen Covey.


Pourquoi commencer par la fin ? Et comment cela peut-il impacter notre vie ?
Faisons une expérience rapide: Demandez à un adolescent de 14-15 ans de définir son objectif dans la vie ; son plus grand, ultime objectif. Quelle est la probabilité qu’il/elle articule une réponse concise ? Probablement faible. Pourquoi cela?
Si l’on y pense : Combien de fois vous êtes vous, vous-même, posé cette question ? Et est-il vraiment important d’avoir cet « objectif ultime » ? Et si on n’en avait pas, que se passerait-il ? En fait, rien de dramatique : la vie continuerait de rouler doucement au rythme d’une routine connue et maîtrisée : Un diplôme, un travail, une famille, des voyages, …, et un jour, hop ! On quitte cette terre, et que laisse-t-on derrière soi ? Une ombre d’existence, un souvenir au meilleur des cas, mais certainement pas une empreinte qui marquerait l’humanité. Mais, diriez-vous, eh bien nous n’avons pas vraiment besoin de « marquer l’humanité » pour être heureux. Je dirais que si l’on se considère dans un processus de changement profond, la première étape serait de se débarrasser de l’égocentricité de nos petites personnes, pour nous concentrer plus sur le bien général de notre communauté, et l’on découvrirait, merveilleusement, que le goût de «contribution» est nettement meilleur que celui de la simple « consommation ».

On est donc d’accord sur l’importance de se définir un but, d’avoir une « vision », une sorte de « mission » dans la vie. Et voilà des exemples simples qui montrent comment cela peut transformer des générations :

- Cet ingénieur d’aéronautique a pour objectif de construire et vendre sur le marché mondial la première marque d’avions entièrement faits par son pays musulman.
- Ce médecin spécialiste en chirurgie des yeux travaille dur pour découvrir des techniques qui permettraient aux plus pauvres de ce monde d’avoir accès au soin de la cataracte.
- Cette jeune fille rêve d’être artiste pour interpeller à travers ses œuvres les valeurs de justice et de paix, et pour montrer à ses jeunes concitoyens que l’art peut avoir des objectifs beaucoup plus nobles que de stimuler des désirs et d’encourager la décadence.
- Cette brave mère se prive de quelques nécessités pour payer l’université à son fils dont l’objectif est d’un jour remporter le prix Nobel d’Economie.
- Ce directeur d’école s’acharne à mettre en place un programme exemplaire qui permettrait à ses pupilles de remporter les premières places dans les concours internationaux de science et de littérature.
- Ce jeune homme de vingt ans…
- Cet enfant…
- Ces deux frères …
- … Et vous ?... – prenez le temps d’y réfléchir, il n’est pas encore tard.

Friday, January 16, 2009

Un rêve, une école


Dans les hauteurs du Karakoram, pris entre la beauté époustouflante de ces montagnes du Baltistan et la pauvreté écrasante de ses habitants, Greg Mortenson décide de construire une école, la première que cette région du monde aurait jamais connue.

Une inspiration, impulsion, ou pur hasard ? Un peu de tout à la fois. Le hasard le conduirait à interrompre son escalade périlleuse de l’une des plus dangereuses montagnes du monde. L’impulsion le pousserait à accepter l’hospitalité de Haji Ali. Et l’inspiration viendrait à la vue de ces petits enfants agenouillés sur un sol de neige et de boue, entrain d’assidument copier les "leçons" administrées par un volontaire de manière aussi infréquente que la boue servant d'encre sur leurs planches de bois. Mais il en faudrait plus pour transformer l’inspiration en des murs, un tableau et des chaises. En effet, la détermination de Mortenson lui coûtera plusieurs nuits à la belle étoile, mais sera couronnée par le gros chèque qui permettra à son rêve de voir le jour.

Greg Mortenson a réussi à construire la première école du K2 (le deuxième plus haut mont du monde) après de longs efforts. Sa quête se poursuivra dans les villages avoisinants et lointains, et sa légende marquera remarquablement l’histoire.

Ce que j’en retiens :

1- Voir Grand : Placer de hautes aspirations est nécessaire dans tout projet. Pour réaliser de grands objectifs, il faut voir grand, rêver grand : the limit the sky.

2-Petit à petit : Aussi grandioses des réalisations puissent-elles paraitre, elles ont toutes commencé un jour par une petite idée, secondée d’une autre, puis d’une autre, puis d’une autre…

3-Obstacles : Dans toute entreprise il y a des obstacles dont il faut être conscient et qu’il faut être préparé à gérer.

4-Construisons plus d’écoles !!! : Aujourd’hui plus que jamais, le Maroc a besoin d’écoles, de centres d’éducation et d’alphabétisation. Cela requiert un peu de courage, un peu de bonne conscience et beaucoup de détermination. L’Histoire se chargera ensuite de vous en remercier.










Note : Le titre du livre « Three Cups of Tea » ou « Trois Tasses de Thé » fait référence à une leçon de vie que Greg Mortenson aura appris de Haji Ali. Cet homme illettré mais creusé par les rides du temps et de la sagesse a fait comprendre à Mortenson l’incommensurable valeur de l’écoute. Mortenson avait certes le mot, l’argent pour construire l’école, et la façon américaine de faire les choses (objectif, plan d’action et suivi détaillé d’activités), mais les maçons, les porteurs, les menuisiers…étaient tous des hommes du village, et ne parlaient pas forcément le même « langage » que l’Américain. Au Baltistan, la première fois qu’un visiteur partage une tasse de thé avec la population locale, il est un étranger. La deuxième fois, il est un invité honoré. La troisième fois, il devient membre de la famille pour qui ses « confrères » sont prêts à tout sacrifier. Mortenson devait comprendre que, pour réussir au Baltistan et gagner le respect et l’appui de ses habitants, il devait, dans sa hâte d’achever son école, prendre le temps nécessaire de partager chacune de ces trois tasses de thé.

Sunday, January 4, 2009

Un framework de succès

Lorsque le grand auteur Stephen Covey a publié pour la première fois « The Seven Habits of Highly Effective People” en 1989, il n’avait probablement pas envisagé tout le succès que ses écrits allaient rencontrer. Et pourtant, il semblerait encore qu’aujourd’hui, seulement une minorité a su bénéficier de la philosophie de Mr. Covey et a réussi à l’appliquer dans sa vie quotidienne.

Ce schéma reprend les « Septs Habitudes » telles que présentées par Mr. Covey. Dans ce post, je me concentrerai sur la première habitude : « Etre Proactif ».


Qu’est-ce que cela veut-il bien dire ? Comment et où peut-on être proactif ?
La proactivité est la capacité à anticiper les évènements en prenant l’initiative pour agir avant de succomber aux conséquences.

Je vois trois domaines d’application de cette qualité :

** A l’école : Toute personne peut apprendre à être proactive. A l’école primaire comme au collège et lycée, les élèves devraient être encouragés à prendre l’initiative et à tenir des rôles de responsabilité à travers des activités parascolaires. En créant et gérant des clubs et groupes d’activités, l’élève développe progressivement la majorité des qualités dont il/elle a besoin pour réussir en tant que leader. Maintenant, la création de tels clubs ne nécessite pas forcément des fonds, argument qui est souvent devancé par les responsables administratifs. Avec les moyens de bord, tout établissement scolaire devraient avoir les outils minimaux, aussi modestes soient-ils, pour héberger et maintenir ce genre d’activités.

** Au travail : L’opportunité se trouve au prochain tournant, il faut aller la chercher. Souvent, on attend d’être promu, que l’entreprise suggère une formation ou un séminaire, que notre carrière soit modelée par nos bosses. La proactivité consiste à être constamment à l’écoute du marché et des opportunités, à jumeler les besoins du développement professionnel avec les objectifs de l’entreprise. Un exemple serait d’être la personne qui essaie continuellement de proposer des solutions aux problèmes plutôt que de se lamenter. Rien n’est plus cher à un boss que de lui présenter le problème avec une suggestion de solution. Soulignons bien qu’il ne s’agit pas ici de trouver « la » solution, mais de faire des propositions raisonnables et réalisables.

** Dans la communauté : Nous avons tendance, nous les Arabes, à blâmer inlassablement nos gouvernements pour l’état économique et politique de nos pays. Affirmant leur part importante de responsabilité, je souhaiterais tout de même renverser un petit peu le prisme. Aujourd’hui plus que jamais la société Marocaine a besoin de ses individus pour assurer le développement économique et social. Il est grand temps de se mobiliser sur un plan personnel, chacun de son côté, pour apporter le changement nécessaire à nos habitudes, nos actions, notre mode de vie. Si le taux de pauvreté est haut, alors créons un mouvement national pour combattre la pauvreté, si notre système juridique est corrompu, alors parlons haut et fort que nous ne voulons pas de ce système, si…alors…, si…alors...

Si vous êtes décidé(e) à prendre en main le cours de votre vie, alors il est temps d’agir.