Tuesday, October 6, 2009

Serait-ce une réforme qui boite ?

« 40 Milliards de DH pour une batterie de mesures ! ».
Tels s’affichent les titres des journaux depuis que le plan d’urgence décrété par le gouvernement a été lancé en début de cette saison scolaire.

Le gros chiffre rond semble la clé aux problèmes alarmants de notre système d’enseignement. Mais une analyse plus approfondie laisse paraître des imperfections aberrantes, voire effrayantes.



En bref, les mesures entreprises par le MEN pour appliquer le plan d’urgence sont les suivantes :

1- Pour combattre l’abandon scolaire : Ouverture de nouvelles salles du préscolaire (3600 entre 2009 et 2012), création de 100 000 places dans le primaire, création d’écoles communautaires à la place des écoles satellites en milieu rural, ouverture de 720 nouveaux collèges et de 6800 nouvelles classes, création de nouveaux internats et de nouvelles cantines.

2- Aide aux parents et élèves : Distribution d’un million de cartables qui profiteront cette année à 3,7 millions d’élèves, accord de bourses scolaires dont le montant total est estimé à 92,8 millions de DH, et qui bénéficieront à près de 50000 familles (90000 élèves environ).

3- Pour élargir le corps professoral : Recrutement de plus de 41000 enseignants et encadrants.

De quelles aberrations s’agit-il donc ?

Sans chercher loin, la première remarque qu’on puisse faire est que l’ensemble des mesures entreprises par le plan Urgence sont d’ordre infrastructurel. Or, ceci ne peut être qu’une partie du processus de développement d’un système d’enseignement. En effet, les autres parties essentielles à ce développement sont la revue des pédagogies et méthodologies d’enseignement, l’adaptation des manuels scolaires à des standards de qualité respectables et en fond et en forme, et la formation continue des staffs et enseignants au métier de l’enseignement.

Sans ces trois autres piliers fondamentaux, la réforme, ou le plan d’urgence ne pourrait atteindre les résultats qu’on en attend tout simplement parce que l’éducation est un processus bien plus complexe que des salles à construire et des cartables à distribuer.

Ceci dit, l’effort fourni par le MEN est louable dans la mesure où la volonté politique y est. Maintenant, d’autres reproches ont été émis par des experts en la matière, notamment M. Allal Belarbi, secrétaire général du syndicat de l’enseignement affilié à la Confédération Démocratique du Travail (CDT), qui s’insurge contre le fait qu’aucun des acteurs directement concernés, à savoir les cadres du secteur, les représentants des inspecteurs, les syndicats, les intellectuels, la CGEM… n’a été impliqué dans la formulation du plan d’urgence. Ce travail effectué par un cabinet de conseil externe risque fort, par conséquent, de louper des données vitales au processus de changement.

Questionné sur les résultats de ce plan, le ministère de tutelle s’est contenté de déclarer qu’«il serait prématuré de juger des résultats de ce plan une année après le début de son application. Il faudra au moins attendre 2012, date que le plan s’est lui-même fixé pour pouvoir dresser un premier bilan.» (La Vie Eco – 18/9/2009).

Mais le ministère semble oublier que « dresser un bilan » est une chose, mesurer le retour sur investissement d’un projet aussi important que 40 Milliards de DH payés des fonds publiques…est une tout autre chose.

3 comments:

Anonymous said...

Je ne me fais aucune illusion: notre enseignement public est bel et bien sinistré et ce ne sont pas les réformes "cocotte minute" qui vont y changer quelque chose. Toutes les parties prenantes sont responsables de ce fiasco...
Nos écoles comme nos universités ne sont plus que des garderies pour adolescents ou pour adultes...C'est une véritable pépinière du chômage et de la médiocrité...
Et cela est propre à tout le monde islamique. Il n'en sortira rien de bon tant que les mentalités ne changeront pas.
Le jour où notre enseignement sera gratifié par des prix Nobel de physique, de médecine, de chimie...etc., alors ce jour-là peut-être...

Anonymous said...

Tant que l'on continue a enseigner la superstition et les matieres inutiles dans nos ecoles au 21 eme siecle ,on ne fera que perdre du temps ,on ne changera pas et on ne deviendra jamais competitif sur le plan internation.

Réda Chraïbi said...

Je suis d'accord avec l'esprit de cet article : c'est une bonne chose que l'éducation soit enfin le sujet d'une reforme qui prend forme, mais les moyens déployés ont peut être quelques à améliorés.

Engager un cabinet externe pour formuler un plan d'action semble être le dada du gouvernement, il consulte et collectionne les études. Il aurait été en effet judicieux d'associer à ces études le personnel qui connait intimement les problèmes locaux de l'éducation nationale. Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir.