Dans notre pays, il y a un clair déphasage entre le niveau intellectuel d’une personne et son niveau éthique; il semblerait en fait que la corrélation entre les deux est rarement significative.
Ceci n’est pas dur à prouver. On voit beaucoup ces scénarios où Mr. « le jeune cadre en costume cravate » se dépêche chez le boulanger du coin et demande à être servi en fermant l’œil sur la demi-douzaine de personnes qui attendent leurs tours avant lui ; ou bien cette scène où Mme « tirée à quatre épingles et qui parle parfaitement le français avec son fils » jette le paquet de biscuit vide par terre sans aucun signe de gêne ou de souci pour la propreté de la rue ; ou encore ce très courant cliché où Mr. « qui conduit la belle 4x4 avec ses enfants derrière » brule sans scrupule une succession de feux rouges, en parsemant la rue, au passage, de quelques mouchoirs utilisés qui encombraient l’intérieur de sa jolie voiture.
Plus déconcertant est le comportement des automobilistes sur la route. Vous n’avez qu’à prendre l’autoroute Rabat-Casa pour en avoir la certitude. Lorsque vous roulez à la vitesse limite de 120Km/h, vous vous rendez compte que vous êtes harcelé par les phares éblouissants de la voiture derrière qui tient à tout prix à vous dépasser, même sur un coup de queue de poisson … et l’adrénaline atteint son apogée lors d’un bouchon où plusieurs esprits ˝illuminés˝ commencent à créer 2 à 3 couloirs supplémentaires à la droite, même si cela devait leur coûter de rouler sur l’herbe !
En assistant à ces scènes, on est mitigés entre le sentiment de la colère, la frustration et le désespoir.
La colère face au manque de respect des concitoyens et leur manque de considération envers la loi et les personnes. La frustration parce que ces scénarios se répètent et se multiplient abstraction faite de l’endroit, du niveau social ou intellectuel. Et le désespoir parce que très peu est fait pour remédier à ce mal social.
Sur les bancs de l’école primaire, l’enfant apprend l’enseignement du prophète disant que la propreté est une partie de la foi, pour ensuite rentrer chez lui en longeant la rue parsemée d’ordures. Il récite par cœur les versés incitant au respect de la loi et de la communauté, et visualise toutes sortes de dérapages comportementaux dans son cercle social. A 15 ans, cet enfant se voit confronter ses acquis théoriques aux pratiques quotidiennes. A 20 ans, il se révolte contre le système sans vraiment avoir les outils de le changer. Aux alentours de 30 ans, le devenu adulte se cale confortablement dans le moule social et se fond dans les mœurs et usages de l’existant, peut-être parce qu’il est plus simple de s’adapter à un environnement que de se battre pour le changer…
Il est grand temps que nos pédagogues revoient les méthodes d’enseignement d’usage dans nos écoles, et dressent un plan éducatif complet dont l’objectif est de développer les compétences interpersonnelles de l’individu au lieu de procéder à un bourrage de cerveau avec des informations dont personne ne sait plus quoi faire…
A suivre…
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