Wednesday, May 26, 2010

Les classes prépas: Une erreur systémique ?

Voilà un nombre de questions que je me pose depuis un bout de temps, et qui, franchement, m’intriguent un peu. Les classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs, perçues aujourd’hui par la société comme la meilleure filière d’études supérieures, sont-elles réellement des filières d’excellence ? Produisent-elles des personnes excellentes ? Sont-elles le seul moyen pour créer des ingénieurs de qualité ? Mieux encore, produisent-elles des ingénieurs de qualité ?

Je me suis adonnée, une fois, à l’exercice, et je suis parvenue aux résultats suivants :


Points forts des classes prépas :

- Préparent les élèves à être mieux entrainés à travailler sous des contraintes psychologiques et temporelles difficiles

- Offrent un savoir théorique diversifié (Physiques, Chimie, Maths)

- Offrent l’opportunité d’étudier des œuvres littéraires et philosophiques

- Donnent un ticket d’accès à un métier –actuellement – prisé, qu’est l’ingénierie.

Points faibles :

- Aucun module n’est déployé pour préparer les élèves aux techniques de communication en entreprise

- Encouragent fortement le sentiment d’égoïsme, et inhibent le sens de partage de par la nature de la formation : En effet, puisque la réussite est basée sur le classement, les élèves ne sont pas encouragés à s’entraider et à partager les connaissances, ce qui se reflète par la suite sur leur comportement en société et en entreprise (La réussite est équivalente à l’individualisme)

- Le savoir théorique si acharnement enseigné en classe est très peu, sinon n’est jamais, lié à la réalité. En d’autres termes, combien d’ingénieurs sont aujourd’hui capables de résoudre un problème professionnel ou de la vie de tous les jours en utilisant un « espace préhilbertien réel » ?!! Le résultat en est que les ingénieurs savent très bien résoudre les équations abstraites (les fameux X et Y…), sans pour autant être capables de les transposer à la réalité. Un autre exemple est le temps excessif alloué à la démonstration de théorèmes au lieu d’apprendre aux élèves comment utiliser ces théorèmes un de ces jours en entreprise !

- Très peu de connaissances acquises en classes prépas sont utilisées dans l’école d’ingénieur, encore moins dans l’entreprise. Exemple : L’utilisation des théorèmes mathématiques typiquement dans une école de télécommunication ou d’informatique ? Certes, les élèves ingénieurs ont besoin d’une formation de base, mais les inonder d’informations techniques très spécifiques relèverait d’une préparation à un doctorat en maths/physiques, plutôt qu’à un métier d’ingénierie où la capacité de synthétiser l’information et d’en extraire l’essence est une compétence très recherchée.

Je suis sûre que vous avez d’autres idées en tête, mais à pondérer les points forts et les points faibles de ce système, je me demande réellement si gain il y a !

Si les élèves ingénieurs sont intelligents, ce n’est pas grâce aux classes prépas. En effet, il y a déjà eu ce qu’on appelle un « selection bias » dans le sens où seulement les bons élèves sont admis en classes prépas. Si ce système offre à ces élèves peu de connaissances immédiatement utilisables dans l’école d’ingénieur ou dans l’entreprise, où est son efficacité ? Si en plus, ce système les prépare mal à pénétrer dans le monde de l’entreprise où collaboration, partage et vie sociale sont fortement sollicités, alors peut-on réellement l’appeler une « filière d’excellence » ?

En d’autres termes, quelle est la valeur ajoutée de tout cet engrenage auquel aujourd’hui s’ajoute une nouvelle industrie appelée les « classes prépas privées » ? Y a-t-il création ou destruction de valeur ?

Je ne suis plus très sûre...mais peut-être auriez-vous un avis différent...

Wednesday, May 12, 2010

Enseignement des Langues Etrangères

Depuis un bout de temps, je me pose une question à laquelle je ne trouve pas encore de réponse, ou plutôt de rationalité : Quelle idée avaient nos responsables en tête le jour où ils ont décidé que le Français, en tant que langue étrangère, ne serait enseigné à l’école publique qu’en CE3, c'est-à-dire, au moins deux ans en décalage avec l’école privée ?

L’objectif était-il de permettre aux élèves d’avoir suffisamment de temps pour maitriser leur langue maternelle (l’Arabe) avant d’apprendre une nouvelle langue ? Etait-ce une déficience d’enseignants ? Ou était-ce simplement une sombre politique pour creuser encore plus le gap entre les différentes classes sociales ?

Il a été aujourd’hui prouvé qu’un enfant peut apprendre au moins quatre langues dès sa première enfance. Les supports éducatifs audiovisuels sont devenus de plus en plus nombreux et accessibles en prix et en variété. Alors pourquoi priver les enfants de familles peu aisées (qui vont forcément à l’école publique) d’un droit vital, surtout que cela est susceptible de leur créer des disparités énormes dans le futur concernant des compétences aussi importantes que la communication ?

D’un autre côté, il n’a pas été trouvé que les élèves issus des écoles primaires publiques étaient meilleurs en langue Arabe que leurs égaux dans les écoles privées. Parfois même le contraire serait noté.

Il est clair que le système d’enseignement public au Maroc souffre de plusieurs déficiences et sur des niveaux multiples. Mais lorsque la différence peut être créée par une simple prise de décision et un peu d’investissement, alors il faut le faire, car le temps passe, les générations aussi, et le développement avec eux.