La question cruciale semble pendue à toutes les lèvres des jeunes élèves à la porte du lycée: Que fais-je après le bac ? Avec ce que j’appelle la « crise d’orientation » au Maroc, le jeune lycéen et la jeune lycéenne ont peu de chance d’atterrir sur les bons rails en suivant leur propre instinct.
Je ne souhaite pas détailler cette histoire d’orientation car je souhaiterais y revenir dans un autre post vu son importance. Par contre, parlons un peu d’une option très rarement abordée à l’école, et encore plus rarement acceptée par les parents ; on va l’appeler « le break scolaire ».
J’entends par le break scolaire une rupture que l’élève fait avec les études à sa sortie du lycée. A 18 ans, le jeune élève peut choisir de faire halte aux études pour intégrer le marché de l’emploi « momentanément » avant de reprendre les études quelques années plus tard. Au premier abord, cette idée ne traverse l’esprit du parent marocain lambda sans y laisser la trace d’incrédulité qui va jusqu’au refus littéral. Mais il semblerait que les spécialistes auraient un point de vue différent. Voyons…
Pourquoi le Break Scolaire est important :
Selon le Professeur et psychanalyste Pr. Mamoun Moubarak Dribi, il serait important voire utile qu’un élève fasse un arrêt de ses études juste après le bac s’il le souhaite fortement. Il justifie ce point de vue par les arguments suivants :
1- L’élève pourrait être extenué physiquement et psychiquement à la sortie du Bac. L’arrêt momentané lui permettrait de reprendre des forces tout en testant ses aptitudes professionnelles « ce qu’il/elle vaut sur le marché »
2- L’adolescent a aujourd’hui accès à plusieurs éléments renforçant son indépendance relative dès son jeune âge (téléphone portable, argent de poche, moto, iPhone, …). Voulant affirmer cette indépendance, ne serait-ce que pour une période déterminée, l’adolescent/adulte opte pour une année ou deux d’activité professionnelle avant de poursuivre des études supérieures.
3- Enfin, ce break s’avéreraient être une phase importante dans la mesure où elle permettrait à l’élève/étudiant de mieux calibrer sa vocation et de mieux orienter ses choix de carrière, et donc d’études supérieures.
Cela dit, Pr. Dribi insiste fortement sur le fait de Retourner (avec un grand « R ») aux études supérieures dès que possible.
Maintenant, jusqu'à quel point le Break Scolaire est applicable au Maroc ?
Oui, en effet, ce serait idéal si l’élève choisit d’intégrer le marché du travail pendant quelques années, et puis un beau jour décide de devenir médecin, envoie sa candidature à la faculté de
médecine de sa ville et obtient une place sur ses bancs. L’entrave majeure pourtant, à ma connaissance, serait la validité du Bac, une notion que mes capacités intellectuelles n’arrivent pas encore à absorber, comme si deux ans après le bac, les facultés mentales de l’élèves deviennent rouillées, son savoir obsolète, et sa capacité à réussir remise en question. Dans les pays aujourd’hui leaders en éducation supérieure, une telle entrave n’existe pas. Après le lycée, l’étudiant est libre de construire son chemin à l’intérieur ou à l’extérieur des murs de l’université. Si à 40 ans, il / elle décide de reprendre les études, personne n’ira lui demander de refaire son Bac ! Au contraire, on tiendrait plutôt compte de ses compétences, son adaptabilité, sa capacité d’apprendre rapidement, …etc. Le résultat en est des personnes qui finissent forcément par atterrir dans leur domaine préféré, et donc un domaine où ils/elles s’épanouiraient et seraient hautement productifs.
Maintenant, il faut dire aussi que le regard de la société envers ces choix atypiques est encore pesant. Mais la société change et les mentalités changent aussi par la force des choses.
Conclusion :
Le chemin de la réussite ne passe pas forcément par la voix typique et ordinaire que « Madame/Monsieur tout le monde » se sont tracée à la naissance. L’expérience a prouvé que prendre des décisions courageuses et atypiques dans la vie peuvent avoir un retour très bénéfique sur l’individu et sur la société pourvu que cet individu soit en mesure de défendre ses choix. La société, quant à elle, finit par accepter voire valoriser les expériences « uniques ».