Tuesday, March 1, 2011

Serait-ce Sciences Po du Maroc ?


Une nouvelle école à Rabat, un nouveau profil de diplômés. L’EGE, ou l’Ecole de Gouvernance et d’Economie est la première école du Royaume spécialisée dans les sciences politiques et économiques. J’y ai rendu visite hier soir pour assister à une conférence sur la Diplomatie de Connivence Internationale tenue par Mr. Bertrand Badie, Directeur à Sciences Po du programme doctoral en sciences politiques des relations internationales.

Trois aspects ont particulièrement attiré mon attention :

1- Le cadre : Correct et très convivial, l’école est aménagée de sorte à offrir un environnement agréable où il fait bon étudier.

2- Les étudiants : J’ai apprécié le fait que les étudiants sont arrivés nombreux pour assister à la conférence, mais surtout, à l’heure ! J’insiste sur l’heure car le temps aurait une définition différente au Maroc de ce qui est communément admis à l’échelle internationale. J’ai aussi apprécié la qualité des questions posées par les étudiants qui étaient à la hauteur de l’audience et de l’intervenant.

3- Le staff : Dans le couloir principal de l’école, des jeunes hommes et femmes s’affairaient à accueillir les participants et mettre tout en place avant le démarrage de la conférence. J’ai appris par la suite que la majorité du staff de l’école sont de jeunes cadres seniors. C’est dire le souffle jeune que souhaiterait insuffler le Directoire de la Fondation à cette école qui porte tant de promesses…


Enfin, un petit mot sur la conférence en soi. Entremêlant concepts théoriques et histoire du système de gouvernance internationale, le conférencier a brillamment défendu sa thèse de diplomatie de connivence, qu’il a appelée aussi « Diplomatie de Clubs ». Très brièvement, Mr. Badie critique fortement le système de gouvernance oligarchique en décrivant sa dérive du G5 au G8 puis au G20. Si ce système d’oligarchie autoproclamée contient aujourd’hui et les « Aristocrates » (les pays du G5) et les « Nouveaux Riches » (les pays qui ont ensuite rejoint pour constituer le G20), il exclue inéquitablement les 172 pays du monde dont le PIB total ne dépasse pas les 20%. Or cette règle des 20/80 néglige fatalement la constatation que l’instabilité politique et économique provient aujourd’hui principalement de ces mêmes pays exclus, les pays faibles. Mr. Badie conclue sa conférence par trois points principaux :

1- La diplomatie de connivence reste informelle (discussions au coin du feu et clubbing) et donc échoue à créer une réelle réforme du système politique international

2- La connivence est une machine à exclure (20 états membres et 172 autres exclus)

3- La connivence est une machine à entretenir l’élargissement du fossé entre les attentes du système de gouvernance internationale et la réalité de ce système.

De telles conférences, on m’a dit, sont organisées de manière très régulière (2 à 3 par semaine). Pour une telle qualité, je ferais bien le déplacement et vous encouragerais à en faire autant…Le pire qui puisse arriver est que vous appreniez de nouvelles choses ! :-)

2 comments:

Anonymous said...

Merci pour le partage

Unknown said...

interessant
--Ilot