Sunday, March 29, 2009

Ma carrière: qui en décide? (1/2)

Souvent, j’ai des discussions avec mes proches et amis sur la situation économique et sociale du pays. Et souvent, les discussions sont longues, passionnées, couronnées d’idées et suggestions que chacun de nous peut entreprendre pour améliorer ce qu’il/elle peut améliorer. Et plus souvent, dans mon enthousiasme et réflexions, je me dis : « J’aurais pu être sociologue !». Pourquoi donc ai-je suivi le chemin de l’ingénierie, puis de l’informatique ? Huit ans de ma vie à ruminer des concepts qui m’ont toujours semblé pauvres en humanisme. Et ma conviction se renforce, « J’aurais peut-être mieux réussi en sciences humaines ». Mais qui aurait pu me le démontrer dix ans auparavant ? Et aurais-je pu savoir qui je voulais réellement être ?



Je pose toutes ces questions car je suis convaincue que des milliers d’autres marocains se les posent tous les jours, s’ils en sont conscients.

Ces questions soulèvent aussi une problématique profonde dans notre système d’éducation : L’orientation.

Comment se passe une session d’orientation typique dans nos lycées publics ? La personne en charge «d’orienter » les élèves se présente en classe, sort un paquet de brochures de son cartable, et commence à donner les conseils sensés diriger les carrières de ces élèves : « Si vous avez au-delà de 16 de moyenne, vous pouvez faire la médecine, l’architecture, les classes préparatoires. Entre 14 et 15, vous pouvez vous inscrire [ici et là]… Mais en deçà de 12 de moyenne, et si vous n’êtes pas assez riche pour vous payer des études dans une école de commerce privée, eh bien la fac des sciences ou des lettres vous ouvre grand ses portes… »… On dirait que l’on écoute des sentences de mort plutôt que des opportunités capable de transformer et faire rayonner les vies de ces jeunes bourgeons.

Quel est le mal dans cette approche ? Le problème majeur que j’y vois est son maque de personnalisation du message. En effet, cette « orientation massive » élimine les considérations humaines qui font que chaque individu est différent de l’autre grâce à des caractéristiques très spécifiques. Le danger est que cette approche de « catégorisation par moyennes » délimite le cadre de pensée des élèves eux-mêmes et de leurs parents. Du coup, très souvent, les élèves brillants se dirigent automatiquement vers la médecine et l’ingénierie, les moins brillants vers les facultés de droit et des lettres, sans vraiment prendre le temps de réfléchir à leur vocation ou au type de carrière qui les rendra plus  heureux  et plus épanouis.

D’un autre côté, et d’après ma mémoire,  l’orientateur  ne prenait jamais le temps de décrire à quoi ressemblerait la carrière d’un médecin, d’un poète ou d’un ingénieur… Par conséquent, les élèves sortent de la session avec des idées très vagues et surtout idéalistes du choix de carrière qu’ils entendent faire, un choix souvent en diapason avec les normes et pressions sociales qu’ils subissent tous les jours de leurs entourages.

Le malheureux résultat en est qu’après plusieurs années d’études ou de travail dans un domaine bien spécifique, la personne découvre que son cœur est ailleurs et le marche-arrière est difficile, pratiquement impossible dans plusieurs des cas. Bien entendu, quelle productivité ou créativité devrait-on attendre d’un individu qui a perdu goût au travail qu’elle/il entreprend si sa passion l’attend ailleurs…

3 comments:

Khalid EL OUSAMI said...

Salut!

C'est presque un tabou là dont tu parles! Dire que l'on est heureux du choix qu'on a fait ...?!!!

Cela nous permet de gagner notre vie! même si l'argent n'achète pas le bonheur; le bonheur aussi, tout court, ne nourrit pas les ventres!

Ceci dis .. personnellement, je n'ai jamais rencontré un orientateur. Je n'ai pas de regret, UN VRAI orientateur ne m'aurait fait que rêver davantage (alors que la VRAIE situation est plus amère). Celui que vous aviez rencontré et que visiblement tu regrette de l'avoir rencontré est à mon sens plus pragmatique: (à sa place je dirai) mes enfants; la vie est difficile, j'aurai aimé m'assoir avec vous, découvrir le talent de tout un chacun de vous et vous dessiner le parcourt idéal pour vous épanouir, mais la vérité est toute autre, vous vivez dans un pays pauvre, adaptez-vous et laissez de côté vos passions et apprenez les maths, la physique et l'informatique .. en français s'il vous plait!

(une petite parenthèse: les japonais sont ils heureux? les chinois le sont ils? les allemends?)

Ceci dis Fadwa, ce n'est pas trop tard et si tu trouve difficile de faire marche arrière (180°) commences par une inclinaison à 45° et concrétises ton projet d'éducation ... ton bonheur sera de voir un sourire de joie sur les lèvres de nos enfants bien éduqués.

Bientôt ton blog aura 1 année! commences à penser à un bilan!

Bonne chance,
/Khalid

Fadwa said...

Khalid,

Ton message est chaleureux, merci beaucoup. J'apprecie ta sincerite. Au fond, et en y reflechissant plus, tu as peut etre raison, mais je trouve qu'il est fondamental que qqun aime le travail qu'il/elle fait tous les jours, autrement, le resultat est ce qu'on voit malheureusement dans nos administrations et organismes publics... JE ne regrette pas le chemin de l'ingenierie, j'ai appris enormement alhamdolillah, mais j'ai decouvert une passion ailleurs, je ne considere pas ces annees perdues, pas du tout, mais j'aimerais que les enfants de la generations montante aient de meilleures experiences...
encore une fois, tu as peut etre raison, la realite est difficile, mais bon, continuons de creuser, qqchose en sortirait, probablement,...

Anonymous said...

A propos du fait d'aimer ce qu'on fait, mon ancien patron (un indien) nous a dis un jour: freedom is to do what you like .. happiness is to like what you do! c'est une autre façon de voir les choses.

Dans l'islam nous avons ljihad et lmojahada, car on n'a pas forcément ce qu'on veux, il faut travailler pour l'avoir.

Si tout le monde au Maroc se mettent à faire seulement ce qu'ils aiment, alors c'est un autre siècle à passer dans la misère.

/Khalid