Thursday, July 30, 2009

Séminaire iEARN à Ifrane


J’ai eu l’occasion de participer la semaine dernière au séminaire iEARN (16ème édition) sur le développement des systèmes d’éducation à travers le monde. Pour la première fois, le séminaire a eu lieu au Maroc, au sein de la prestigieuse université Al Akhawayn. De part l’organisation impeccable du séminaire par le staff en charge, le contenu des conférences était très intéressant. J’aimerais partager avec vous l’une de ces expériences qui m’a significativement marquée.

Le programme s’appelle iEarn Pakistan. Financé par Adobe Youth Voices, un programme philanthropique international pour le développement des jeunes dans les milieux défavorisés, il permet à des centaines d’enfants Pakistanais partagés entre la guerre et la misère de prendre part à la vie estudiantine normale dont tout enfant du monde a besoin de jouir.

L’un des projets de ce programme consiste à initier les élèves à la science des medias et des créations cinématographiques. Les enfants participent à des ateliers où ils sont formés sur les principes de base de la production médiatique. Ensuite, ils utilisent les outils procurés par le programme (caméras, micros, …) pour mettre à exécution les notions apprises. Lors de la conférence, le présentateur a exposé au public des exemples de projets que les élèves ont réalisés. Nous avons été surpris non seulement par la qualité du travail effectué, mais aussi par les thèmes choisis. Ainsi, un groupe d’élèves ont produit un court reportage pour lutter contre le travail des enfants au Pakistan. Il s’avère que dans ce groupe se trouvait un enfant qui partait à l’école le jour, et travaillait la nuit… Ces productions permettent donc aux enfants non seulement d’exprimer leurs besoins par rapports à des problématiques socioéconomiques de taille, mais aussi de présenter ces problématiques sous un angle que nul ne saurait mieux exprimer que, justement, un enfant.

Je vous laisse découvrir ce programme à travers le lien suivant, en espérant que cela pourrait donner des idées pour démarrer des programmes similaires au Maroc.

http://www.iearnpk.org/

Les détails sur l'organisation du séminaire sont visibles sur le lien : http://archives.leconomiste.com/article.html?id_journal=3065&a=94415

Saturday, July 18, 2009

A Quand le Développement ?

Une histoire

Najoua est une Marocaine de 26 ans. Ayant poursuivi ses études aux Maroc, elle a décroché une bourse de mérite pour faire son mastère spécialisé aux Etats-Unis avec l’objectif de retourner au Maroc et devenir enseignante universitaire. Mais avant de pouvoir le faire, elle savait qu’elle devrait décrocher un PhD ou un doctorat d’Etat. Deux ans plus tard, et ayant fait preuve d’excellence et d’assiduité, l’université Américaine où Najoua a décroché son mastère lui propose une bourse additionnelle pour faire un PhD sur les remèdes possibles du virus VIH.

En se rendant aux autorités Marocaines pour leur faire part de son plan d’enseigner au Maroc après l’obtention de son PhD, Najoua apprend que pour le faire, elle a besoin d’obtenir l’équivalence de ce diplôme. En d’autres termes, qu’elle aurait besoin de faire une année supplémentaire de recherche dans un laboratoire Marocain, suivie d’une soutenance devant un Jury. La stupeur était à l’apogée.

Regards

Maintenant, ce n’est peut être pas le principe de l’équivalence en soi qui dérange, mais il faut essayer de donner aux choses les pondérations qu’elles méritent. Lorsqu’on récolte un diplôme d’un pays tiers-mondiste ou en voie de développement, on comprend le souci de l’Etat Marocain à vouloir maintenir un niveau scientifique respectable et à demander par conséquent des équivalences. Mais lorsqu’il s’agit d’une université mondialement reconnue pour ses recherches scientifiques très avancées, le postulat tourne son maître au ridicule. Ainsi, après plus de sept ans d’études et de recherches intensives dans l’une de ces universités, il faut perdre une année dans un laboratoire peu ou pas équipé, rédiger une thèse en Français, et soutenir devant un Jury Marocain pour pouvoir faire profiter l’université Marocaine de son savoir cumulé au pays des savoirs. Tout cela, sachant qu’un ingénieur ou licencié au Maroc peut obtenir ce même titre de « Docteur d’Etat » seulement en trois ans, et à temps partiel – s’il vous plaît. Cela en dit déjà long sur la qualité de ce « Doctorat »…

Et Alors ?

Alors, je me demande: de quel œil perçoit-on encore l’intellectuel Marocain ? Quelle stratégie l’Etat Marocain a-t-il pour faire valoir ses compétences encore désireuses de retourner au bled et de participer au développement économique et scientifique du pays ? Jusqu'à quand allons-nous encore détourner les yeux de ces failles structurelles fatales dans notre système d’éducation et de formation, et quand allons-nous nous déterminer à y remédier ?

Les réponses à ces questions ne sont pas à ma portée, ni à celle de Najoua qui commence déjà à penser à abandonner le plan de retour… Quel dommage !

Saturday, July 11, 2009

Quand la télévision nous éduque


Si vous êtes habitant(e) du Maroc ou si vous regardez simplement la chaîne télévisée 2M Maroc, vous rencontrerez sans doute une série télévisée qui passe à 19h heure locale intitulée « Anna ». Plusieurs éléments sont intrigants dans cette série : Tout d’abord, la langue. La série est traduite de l’espagnol à l’argot Marocain (la Darija). Pour une nouveauté, c’en est une car on n’avait jamais vu auparavant une série du genre traduite en argot – la langue de traduction était habituellement l’arabe classique. Mais le souci n’est pas dans le choix de la langue mais plutôt dans le choix du langage utilisé et de la série en question. Comme plusieurs des séries d’Amérique Latine traduites en arabe, « Anna » régurgite les faits banals de la vie de tous les jours sans vraiment apporter une dimension éducative ou culturelle dont le téléspectateur pourrait bénéficier. En d’autres termes, c’est une sorte d’anesthésie intellectuelle. Mais ce qui m’a ennuyée le plus particulièrement dans cette série est le choix de certains mots qui dénudent le contenu de toute empreinte de respect envers nos valeurs morales. Le très peu de fois où je suis tombée sur la série, j’ai entendu des phrases comme « hadak lmenhouss dial Ricardo », « iwa choufiliya m3ah... », ou encore « mchit 3end l3achiq diali… »…etc. Si ces termes sont banalisés et acceptés dans certaines cultures, il me fait de la peine de voir qu’ils deviennent aujourd’hui publiquement infiltrés dans la nôtre, surtout lorsqu’ils sont dits en Darija, notre langue et une partie de notre identité. Non pas qu’il faut être contre l’ouverture aux différentes cultures, mais lorsque cette ouverture consiste à collecter uniquement les aspects bas et malsains de la condition humaine, elle devient une menace envers les civilisations avec toutes leurs composantes historiques et culturelles, au point de doucement les effacer, les mutiler.

J’ai toujours pensé que la télévision parlait le langage officiel de la société, et que son rôle primordial était d’éduquer – au vrai sens du terme – le téléspectateur. Je n’arrive pas à concevoir comment les responsables de la sélection des programmes à 2M ont toléré le passage de cette série, et quel type d’éducation ces personnes entendent inculquer au citoyen Marocain. Je comprends encore moins l’audace des artistes Marocains qui ont participé à la traduction d’un travail d’une telle bassesse intellectuelle.

Wednesday, July 1, 2009

The Leader in Me


« The Leader in Me » est le titre d’un livre fascinant qui a fait cette année le tour des bibliothèques et des professionnels de l’éducation. Encore une fois, Stephen Covey fait ses preuves en termes d’expertise en management et leadership, mais cette fois-ci, avec les enfants.

Le livre est inspiré de l’ancien best seller « Les Sept Habitudes des Personnes Efficaces » et transpose les qualités de leadership discutées dans le livre sur les enfants à l’école primaire.

L’auteur a donc fait le tour des écoles, des Etats-Unis au Japon passant par Singapour. Dans sa tournée, il a rencontré les élèves, les administrateurs et les enseignants, étudiant avec eux les aspects d’application des sept habitudes au niveau de l’école primaire. Etonnamment, les enfants ont très bien réagi à ces nouveaux concepts au point d’en devenir une source d’inspiration.

Jusqu’à quel point ces concepts sont-ils applicables dans les écoles Marocaines ? Personnellement, je n’y vois pas d’entraves majeures à part la préparation des mentalités à accepter le changement et la foi de nos leaders en ce changement ; car aussi fort qu’on le souhaite, si la volonté politique ne suit pas, le changement n’aura pas lieu…

Je recommande ce livre à toute personne intéressée par l’apprentissage des techniques d’enseignement primaire les plus avancées à ce jour.

Good News!!

J'ai appris avec joie et surprise que le processus d'évaluation à 360° a été implémentée cette année à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rabat au sein du Département de Géomorphologie.

Bien que la procédure n'ait pas été mise en place de manière officielle à travers l'ensemble de la Faculté, les résultats ont été publiquement annoncés au niveau de l'établissement et des autres départements.

Face à cette initiative courageuse et louable, je salue les professeurs qui ont veillé à l'implémentation et la réussite de l'évaluation à 360°.

Go Morocco !!